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soignés et solides ; en second lieu, que la pente de deux mètres par kilomètre, pour une semblable section, a été un maximum et que ce chiffre provient même très probablement d’une erreur de Rondelet : enfin, que si l’on a été souvent obligé de restaurer et même de refaire ces aqueducs, c’est sans doute surtout aux endroits où la pente et la vitesse étaient exagérées. En réduisant la section, on réduit aussi le rayon moyen et le coefficient C de la formule de Razin, ce qui permet, pour une même vitesse, d’augmenter beaucoup la pente. Nous n’avons donc pas à nous étonner si, aux aqueducs de Lyon, beaucoup plus étroits que ceux de Rome, on a pu sans inconvénient admettre parfois des pentes encore plus rapides, allant jusqu’à 0, 006 par mètre.

Dénivellations par chutes. — Quand ils estimaient la pente excessive, les ingénieurs romains n’hésitaient pas à créer des chutes, plus ou moins rapprochées, plus ou moins considérables, suivant qu’il fallait obtenir une dénivellation plus ou moins grande. C’est d’ailleurs le procédé universellement pratiqué par les hydrauliciens modernes, dans les cas assez fréquents où il s’agit d’amener par un canal de l’eau d’un certain niveau à un autre beaucoup plus bas pour peu d’espace à parcourir. Après chaque chute, l’eau reprend une vitesse modérée, dépendant de la faible pente qu’on peut désormais établir jusqu’à la chute suivante. On peut citer, comme exemple typique d’une très forte dénivellation obtenue ainsi sans forcer la vitesse, l’aqueduc du Furens, qui, pour amener les eaux à Saint-Etienne, descend de plus de 500 mètres sur une distance de 17 à 18 kilomètres seulement.

« L’aqueduc des sources prend naissance au-dessous du Bessat, à la hauteur 1.190 mètres, et aboutit au Rey, à l’altitude 625. Il a un parcours normal de 17.385m, 35 et présente dans son ensemble une série de biefs à faible pente, rachetée par des plans inclinés de 0m, 12 à 0m, 30 par mètre, et mesurant une hauteur totale de chute de 6 à 33 mètres. Cette disposition a permis d’éviter les vitesses excessives qui auraient été atteintes si l’on avait adopté la pente continue de la rivière… La pente dans les biefs varie de 0m, 01 à 0m, 005 entre l’origine et le ruisseau des Creuses (l’aqueduc étant, au début, de très petite