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chute aux aqueducs antiques, tandis qu’il y a des exemples du système des plans inclinés, séparant les sections sensiblement en palier. Une descente de ce genre, formant un véritable escalier à marches régulières se voit à Carthage, le long des grandes citernes de Bordj-Djedid. L’aqueduc qui les côtoie ainsi sur le flanc de la colline au bas de laquelle elles sont creusées, a ses plans de chute inclinés à 0m,40 ou 0m,50 de pente par.mètre; chacun d’eux n’a que quelques mètres de long, les paliers aussi.

Fig. 70.

Ce canal en gradins devait être le dernier prolongement du grand aqueduc parti de Zaghouan, qui, après avoir alimenté les citernes de la ville haute, venait se terminer à ces citernes basses, au bord de la mer. Tels devaient être, mais avec une amplitude bien plus étendue, les gradins à la chute de Chevinay, et à celles qui suivent. Quant à la descente de l’aqueduc de Craponne, nous sommes fixés, puisqu’un des plans inclinés rapides, sans doute le plus important, se constate entre le bassin supposé, au-dessus de Montferrat, et le Recrêt. Il pouvait d’ailleurs être interrompu par un certain nombre de courts paliers. En tous cas, comme nous l’avons vu[1], la pente au Recrêt, sous une maison d’habitation, est toute voisine de l’horizontale ; c’est donc que ce point est entre deux gradins inclinés.

Conclusions. — De l’examen de cette question des pentes aux aqueducs de Lyon et à quelques autres aqueducs antiques, il résulte que les Romains, dans leurs projets d’adduction d’eau, se préoccupaient avant tout de chercher les meilleurs points de prise, et n’attachaient pas une importance démesurée à la régularité de la pente, pourvu qu’on pût se maintenir en deçà d’une limite raisonnable de vitesse, soit au-dessous de 2 mètres par seconde, sauf exception. On créait des chutes si cette limite devait être dépassée. Les instruments de nivellement, quoi qu’on en ait dit, permettaient d’établir avec sûreté des pentes très faibles. Les faits le démontrent, et la limite inférieure (du sicilique) indiquée par

  1. V. ci-dessus, p. 67.