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on la trouverait de chaque côté au même niveau. Étant en mouvement, il faut qu’elle ait une vitesse en rapport avec celle qui existe dans l’aqueduc libre ; de plus, en vertu de cette vitesse même et de l’étendue de la surface mouillée, le frottement sur les parois du tuyau détermine une perte de charge. De l’ensemble de ces causes il résulte que l’eau, après le passage de la vallée, ne peut arriver qu’à un niveau un peu plus bas que celui d’où elle est partie.

Actuellement, ces conduites se font en fonte ou en tôle d’acier et atteignent des diamètres énormes, de 0m,70 à 0m,80. On peut les rendre capables de résister à des pressions de 15 à 20 atmosphères, ou 150 à 200 mètres de hauteur d’eau. Ainsi, le siphon du grand aqueduc de Naples supporte jusqu’à 170 mètres[1].

Les Romains n’avaient à leur disposition que les tuyaux en poterie (tubuli), ou en plomb (fistulae). Comment imaginer qu’avec ces matières ils aient pu façonner des conduits assez résistants pour soutenir des pressions comparables à celles que subissent les nôtres ? Ils y arrivaient en remplaçant la conduite unique par une série de tuyaux dont l’épaisseur avait à être d’autant moindre que le diamètre intérieur était plus petit. Nous aurons à déterminer l’épaisseur qu’il fut nécessaire de donner aux tubes des grands siphons de Lyon.

Chacun de nos quatre aqueducs, comme l’a indiqué le tracé, comporte au moins un passage par siphon. Il y en avait deux au Mont-d’Or, celui de Cotte-Chally (c’est à peu près certain), et celui d’Ecully ; deux successifs à Craponne, du Tupinier aux tourillons, et des tourillons à Lyon, un à La Brévenne (à Grange-Blanche) et quatre à l’aqueduc du Gier : Saint-Genis, Soucieu, Beaunant et Saint-Irénée : en tout neuf.

Pour qu’on les eût ainsi multipliés, il fallait bien que ce fût à peu près exigé par la configuration du pays autour de Lyon. Mais il fallait aussi que de semblables ouvrages fussent d’une pratique suffisamment répandue. Il serait bien étrange que la ville de Lyon en eût gardé à ce point la spécialité. Pourtant, il faut avouer que l’exemple des aqueducs de Lyon est de beaucoup le plus caracté-

  1. Le nouvel aqueduc du Lignon pour la ville de Saint-Étienne comportera huit siphons, dont le principal a une plongée de 134 mètres.