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ristique parmi tous les aqueducs de l’antiquité, tant par le nombre que par l’importance de ces ouvrages et les vestiges qui restent de plusieurs d’entre eux. Seuls ils permettent de dire quelque chose de précis sur le fonctionnement de ce genre d’appareils chez les anciens, et à une époque bien déterminée, aux alentours de l’an 100 de l’ère chrétienne, c’est-à-dire au temps même de Frontin ou un peu plus tard.

Usage très ancien du siphon. — Il est incontestable que les canalisations sous pression ont existé de temps immémorial, d’abord en pierre ou en poterie, plus tard en plomb. En Grèce, des distributions urbaines fonctionnaient bien longtemps avant que Rome eût son premier aqueduc. Quand Frontin, quand Vitruve composèrent leurs ouvrages, la ville était toute sillonnée de conduites souterraines en plomb, qui portaient dans les différents quartiers de la ville, dans les palais comme dans les domiciles privés, l’eau sous pression issue des châteaux d’eau. Le principe du siphon, dérivé de celui de l’équilibre des liquides, était donc partout en action. Etant si bien appliqué au terme des adductions d’eau, il était sans aucun doute utilisé aussi sur le parcours de plusieurs aqueducs. L’antique siphon de Patara, ou celui d’Alatri en sont d’ailleurs la preuve suffisante. Et pourtant Frontin ne fait aucune allusion aux siphons, et Vitruve en parle d’une façon si peu nette qu’on croirait vraiment, si l’on ne se guidait que sur ces deux auteurs pour connaître l’hydraulique romaine, à l’extrême rareté du système.

Que Frontin n’en parle, pas, c’est tout naturel, puisqu’il ne nous entretient que des aqueducs de Rome, qui ne comportaient pas de siphons. Mais on attendrait de Vitruve de tout autres renseignements que ceux qu’il donne. Quand on regarde les restes des siphons de Lyon, et qu’on réfléchit à toutes les connaissances que ces ouvrages supposent, quand on lit ensuite le texte de Vitruve sur les siphons, on est un peu étonné de ce que l’œuvre de cet auteur passe encore pour une somme complète du savoir technique chez les Romains.

Le texte de Vitruve sur les siphons. Discussion. — Examinons ce texte de près. La connaissance des siphons de Lyon nous