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celles que j’ai rapportées. Dans un autre vallon plus profond, le passage de l’eau se fait par des siphons, que le hasard lui fit voir parce qu’on les réparait. Ils sont cordés avec des bandelettes de chanvre, comme les bâtons de tabac[1], et chaperonnés par un cours de tuiles creuses sur chacun. Le vuide est rempli de tuileaux concassés et pulvérisés, dont les siphons aussi étaient couverts, ayant au-dessus une couche de chaux vive, et sur le tout deux ou trois pieds de terre qu’on laboure. Dans le bas est une ventouse appuyée contre une tour qui s’élève plus haut que l’aqueduc ; ce qui fait voir l’ancienneté et la nécessité des ventouses. »

Ces cheminées, ces tubes piézométriques, sont usités de nos jours encore, non aux siphons d’aqueducs, mais sur certaines conduites ; elles fonctionnent comme ventouses aux renflements qui forment des points hauts ; et aux points bas, moins suivant le rôle que leur fait jouer Delorme que comme simples régulateurs de pression[2] pour parer aux arrêts brusques. La question serait de savoir si ces cheminées de Constantinople sont romaines ; de plus, si, usités chez les Romains, de semblables tubes étaient appliqués aux siphons de Lyon (non verticalement, comme Delorme le comprend bien[3] : mais contre la pente de la colline) ; enfin, si c’est bien cela que Vitruve a voulu désigner dans ce passage. Évidemment non, si l’on s’en tient au mot colliviaria, le plus authentique, le plus simple, et qu’il faut, à mon avis, adopter. Le dispositif que ce mot représente est aussi le plus simple et le plus utile ; il est usité à tous les siphons modernes, et je le suppose aussi de préférence aux aqueducs de Lyon, s’ils ont comporté dans le bas un appareil quelconque.

Voici enfin la dernière difficulté de ce même passage, cité et traduit plus haut : « Inter actus ducenos non est inutile castella conlocari, etc. »

Il faut évidemment entendre par castella des chambres, plus ou moins grandes, depuis le simple regard jusqu’aux réservoirs

  1. Entendez les cigares.
  2. C’est ainsi qu’à plusieurs usines électriques du département de l’Isère on en a placé en bas de la chute, immédiatement avant les turbines. Les arrêts, les variations de vitesse de celles-ci, n’ont de cette manière aucun contre-coup nuisible sur la conduite d’amenée.
  3. On n’imagine pas en effet un tube vertical de plus de 100 mètres de haut.