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comme ceux de Chagnon ou de Soucieu, interrompant la conduite et permettant, s’il existe une fuite, s’il y a eu rupture ou une autre avarie quelconque, de voir sur quelle traction de parcours elle s’est produite. Mais c’est la distance séparant ces chambres, d’après le texte, qui est inadmissible : deux cents actes, sept kilomètres ![1] Y a-t-il jamais eu d’abord une ligne de tuyaux de plomb assez longue pour permettre d’installer plusieurs castella à de semblables intervalles ? M. Lanciani[2] n’hésite pas à qualifier ce chiffre d’« erreur évidente ». Il est peu vraisemblable que ce soit Vitruve qui l’ait commise. Si c’est l’erreur d’un copiste, je proposerais la correction vicenos au lieu de ducenos, 20 actes au lieu de 200. La distance de 700 mètres serait, en effet, très rationnelle.

Parmi ces castella doivent être compris les réservoirs-têtes des siphons. Vitruve recommande de n’en pas placer sur le parcours de ceux-ci (neque in decursu neque in ventris planitia, neque in expressionibus, neque omnino in vallibus) : c’est, évident, car on perdrait la charge. Mais cela prouve bien qu’il ne s’agit pas simplement de chambres donnant accès à des robinets et vannes, mais bien de petits bassins abrités, interrompant la conduite. Ailleurs, il n’y a aucun inconvénient à les installer, puisqu’on est « in perpetua aequalitate » et que la conduite n’est pas sensiblement en charge.

À la suite des lignes qui viennent d’être commentées, Vitruve donne quelques détails complémentaires sur l’aménagement d’un siphon, dans le cas où la conduite est en terre au lieu d’être en plomb.

« … Coagmenta autem eorum calce viva ex oleo subacta sunt inlinienda, et in declinationibus libramenti ventris lapis est ex saxo rubro in ipso geniculo conlocandus isque perterebratus uti ex decursu tubulus novissimus in lapide coagmentetur et primus etiam librati ventris, ad eundem modum adversus clivum et novissimus librati ventris in cavo saxi rubri haereat et primus

  1. L’actus était de 120 pieds, soit sensiblement 35 mètres, donc 200 aetus = 7.000 mètres. Il serait plus compréhensible d’appliquer cette distance aux regards établis sur les aqueducs ordinaires qui, une fois vidés, peuvent se parcourir entre deux regards éloignés. Aussi avais-je pensé (Nouvelles archives des missions scientifiques, t. XV, fasc. 2, Rapport sur une mission scientifique en Italie et en Tunisie, p. 0,3) justifier cette règle en faisant cette application. Un examen plus approfondi m’a montré qu’il valait mieux admettre simplement une erreur de texte.
  2. Ouvr. cité, p. 199.