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expressionis ad cundem moduni coagmentetur. Ita librata planitia tubulorum ad decursus et expressiones non extollelur. Namque vehemens spiritus in aquæ ductione solet nasci, ila ut eliam saxa perrumpet nisi primum leniter et parce a capite aqua immittatur et in geniculis aut versuris alligationibus aut pondere saburra contineatur. Reliqua omnia uti fistulis plumbeis ita sunt conlocanda[1]. »

La façon dont l’auteur entend le mot venter est ici encore précisée si nettement que l’interprétation de Belgrand sur ce terme est bien définitivement à écarter. Il est fait mention du geniculus ; mais au paragraphe précédent ce mot désignait un coude brusque au point le plus bas, tandis qu’il s’agit ici des deux courbures atténuées à l’un et à l’autre bout de la conduite horizontale. Quant à la pierre rouge (saxum rubrum) qui forme le joint du coude, ce n’est pas le dur béton rougeâtre que nous connaissons bien, puisque c’est un bloc qu’il faut percer (lapis est perlerebratus), c’est un porphyre ou un grès porphyroïde sans doute, roche extrêmement dure en effet.

La préférence de Vitruve devait être pour les conduites en terre, car il énumère complaisamment leurs qualités. Il les trouve avantageuses en ce qu’il est plus facile de les réparer et que l’eau y est meilleure que dans les tuyaux de plomb. Il se forme, croit-il, de la céruse dans l’eau qui a circulé à travers le plomb. C’est là une erreur que l’analyse chimique démontre : l’eau des tuyaux de plomb est aussi pure que celle des tuyaux de poterie[2].

  1. « … On garnira les joints de chaux vive imprégnée d’huile ; dans les raccords avec la ligne horizontale du ventre, il faut placer au coude même une pierre taillée dans la roche rouge, et perforée, de façon que le dernier des tuyaux qui descendent s’encastre dans la pierre, ainsi que le premier de la travée horizontale. De même, au versant opposé, le dernier tuyau du niveau formant le ventre s’engage dans la cavité de la pierre, et le premier tuyau de fuite s’y encastre pareillement. Ainsi la tubulure horizontale ne pourra pas sauter à l’angle de la descente et à celui de la montée : il se produit habituellement dans les conduites d’eau une aspiration violente qui serait de force à briser même les pierres de jointure, si L’on ne prenait la précaution de faire entrer l’eau par la tête du siphon, doucement et peu à peu, et de maintenir à chaque coude et à chaque déviation le conduit tout autour par une ligature ou une masse de sable. »
  2. Vitruve, à l’appui de son dire, rappelle les sensations distinctes éprouvées quand on boit dans des vases de terre ou de métal. « Ceux qui ont des buffets garnis de vaisselle d’or et d’argent, dit-il, aiment mieux boire dans des vases d’argile. » Or, chacun sait que la différence de sensation tient uniquement à l’odeur développée par le récipient. Le verre n’en donne aucune ; la porcelaine ou la faïence en exhalent une très sensible qui s’unit à la sensation du goût pour donner à certains liquides un arôme particulier. L’odeur du métal est caractéristique aussi ; mais il suffit d’un transvasement pour que le goût spécial disparaisse, à moins que le liquide n’ait attaqué le métal. Mais l’eau n’attaque pas le plomb.