Page:Germain de Montauzan - Les Aqueducs antiques, 1908.djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 200 —

C’est là une épaisseur des plus normales par rapport au diamètre. Il me suffira de citer l’exemple d’un tuyau récemment découvert aux environs d’Ostie, et que j’ai pu voir à Rome, au musée des Thermes : il a 2m,65 de long, 0m,15 de diamètre intérieur et 0m,025 d’épaisseur. C’est, à très peu de chose près, celui qui vient d’être calculé.

Cependant cette opinion de Delorme, relative au dédoublement, pour acceptable qu’elle soit, peut soulever quelques objections : d’abord à cause de la complication du dispositif ; ensuite parce l’élargissement des ponts peut avoir eu pour motif la nécessité d’un passage pour la surveillance, pour la manœuvre des robinets de décharge, etc. L’état actuel du tablier au pont de Beaunant ne peut malheureusement rien indiquer à ce sujet. Tout en ne rejetant pas l’hypothèse, je crois qu’elle n’est pas indispensable, et que l’épaisseur de 35 millimètres pour un diamètre de 0m,20 est encore admissible. On pourrait invoquer l’exemple du tube venu de fusion qu’a découvert M. Basset, à Alatri ; 0m,031 d’épaisseur sur un diamètre intérieur de m0,105 donne un rapport bien plus surprenant que 0m,035 sur 0m,20. Mais en adoptant même le procédé connu du pliage au lieu de celui du moulage, il n’y avait sans doute pas beaucoup plus de difficulté à plier une lame de 35 millimètres autour d’un mandrin de 20 centimètres, qu’à en plier une de 0m,025 autour d’un mandrin de 0,15, comme on l’a fait pour le tuyau d’Ostie qui est au musée des Thermes.

Fabrication et pose des tuyaux de plomb. — La fabrication par pliage s’exécutait ainsi. Le plomb sortant du creuset était coulé en lames plates d’une épaisseur déterminée. À peine solidifiée, et facilement flexible, on enroulait cette lame autour d’un mandrin, probablement en bronze, pour que l’opération pût se faire à chaud. Les deux lèvres longitudinales de cette lame étaient ramenées l’une contre l’autre, et ici le procédé de soudure variait. Tantôt on faisait chevaucher un peu l’un de ces bords sur l’autre qui avait été préalablement aminci par un martelage sur le mandrin ; tantôt on se contentait d’un rapprochement qui amenait leur contact par la ligne inférieure, créant ainsi un petit canal longitudinal. (Ces soudures sont représentées fig. 74,