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ainsi, puisque le plomb ne fond pas. Cette discontinuité est donc un des caractères du noeud de soudure moderne[1].

« Mais si la soudure ne contient pas d’étain, on ne peut la fondre sans fondre le tuyau lui-même et la jonction des deux lèvres ne peut se faire par le même procédé. Dans un tuyau romain trouvé à Paris, rue Gay-Lussac (fig. 77), il n’y a pas discontinuité sous la soudure ; les deux lèvres de la lame sont réunies comme si le tuyau avait été coulé d’une seule pièce ; les ouvriers ne voulaient pas croire qu’il eût été fait autrement.

Fig. 77. — Tuyau découvert rue Gay-Lussac.

« J’ai cherché à souder un tuyau formé d’une lame de plomb, avec du plomb pur, et j’ai réussi en lui donnant la section piriforme et en coulant le plomb très chaud sur les deux bords extérieurs de la lame.

« L’adhérence a été complète, la solution de continuité a disparu. Le tuyau, soumis à une pression de 3 atmosphères, a commencé à s’arrondir ; il a pris la forme circulaire à 8 atmosphères et a supporté une pression de 18 atmosphères sans se déchirer à la commissure A des lèvres (fig. 78).

« Je n’ai pas réussi, en donnant d’abord au tuyau la forme circulaire ; l’adhérence du plomb coulé au-dessus de la commissure A était très imparfaite. » (fig. 79).

  1. Ce procédé était bien connu des Romains, car ils connaissaient parfaitement les usages de l’étain qu’ils extrayaient de nombreux gisements. Daubrée (Aperçu historique sur l’exploitation des mines métalliques dans la Gaule, p. 54) est persuadé que les anciens en savaient plus au sujet de l’étain que les minéralogistes de notre temps. Pline (XXXVI, 48) parle d’ailleurs de la soudure à l’alliage d’étain. La soudure au plomb coulé était cependant, comme le constate Belgrand, beaucoup plus fréquente.