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seuls son examen en raison de la permanence et de l’abondance de leurs eaux. Les eaux du Janon étant aujourd’hui tout à fait impotables, et probablement dès lors d’une mauvaise qualité[1], et les eaux du Gier d’une pureté parfaite, l’ingénieur s’arrêta à l’idée d’une dérivation principale du Gier, et au besoin d’une dérivation accessoire du Chagnon. Or, comme pour dériver les eaux du Chagnon il était absolument nécessaire de faire un canal continu entre un point de cette rivière, pris à une hauteur convenable, et l’aqueduc du Gier, l’idée la plus naturelle était évidemment de déterminer la prise du Gier à une hauteur suffisante pour que la pente du canal permît de se développer dans la vallée du Chagnon, et d’aller se rapprocher de la prise d’eau dans cette rivière. L’ingénieur ne devait pas songer a priori à traverser la vallée du Chagnon au moyen d’un siphon, puisque la moitié au moins du développement de l’aqueduc qui contournait la vallée était dans tous les cas obligatoire ; il s’arrêta donc à cette pensée, et fit commencer l’exécution par l’ouverture des tranchées dans le rocher, sur le tracé ainsi déterminé. Ces tranchées venaient rejoindre à Saint-Genis le tracé du canal existant; en effet, entre Lyon et Saint-Genis, le tracé ne pouvait pas varier.

« Quand le travail préparatoire des tranchées fut achevé, travail plus long en raison des procédés d’exécution que réellement dispendieux, l’ingénieur fut effrayé de l’immense développement des travaux à faire dans la vallée de Chagnon et dans celle du Janon. En effet, même en adoptant des ponts-aqueducs de la même hauteur que le pont à siphons existant pour passer les affluents du Chagnon, le développement du canal supérieur ne pouvait être dans cette vallée de moins de 15 kilomètres, et comportait trois ouvrages d’art considérables. Mais ce n’était encore là qu’un seul des inconvénients; ce développement, à la pente de 1/1200 ou de 0m,0008 qui était très rapprochée d’un minimum unité, faisait perdre 12 mètres de hauteur, tandis qu’un siphon ne faisait perdre que 6 mètres ; il en résultait que le canal supérieur, conséquence du développement dans la vallée de Chagnon, conduisait forcément à un développement considérable dans la

  1. Au sujet de cette erreur concernant la qualité naturelle des eaux du Janon, V. ci-dessus, p. 98, note 1.