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Quant aux diamètres et au nombre des tuyaux, si nous sommes fixés pour l’aqueduc du Gier, nous devons nous borner à des conjectures pour les autres. Rien à dire pour l’aqueduc du Mont-d’Or, puisque rien ne subsiste ni des réservoirs ni des ponts-siphons. Pour le siphon de La Brévenne, à Grange-Blanche, nous avons quelque chose : la largeur du pont, 8m,75, et celle du rampant des Massues, qui est de 6m,30. Ces dimensions rappellent fort celles des ponts et rampants de l’aqueduc du Gier, et laissent très vraisemblablement supposer des conditions analogues aussi pour les tuyaux, comme nombre et comme diamètres.

Les rampants du réservoir de Craponne n’avaient pas plus de 4m,50 de largeur. En donnant aux murs du réservoir une épaisseur minima de 0m,50, celui-ci n’avait donc que 3m,50 de largeur dans œuvre, ce qui indique un nombre de tuyaux moindre qu’aux autres aqueducs, à diamètre égal. De toute façon, le débit était moindre qu’à La Brévenne et au Gier, d’après cette constatation.

J’ai suffisamment indiqué, en décrivant le tracé de l’aqueduc de Craponne, la raison d’être du réservoir des tourillons, qui servait de ventouse et supprimait ainsi toute chance de rupture dans la conduite qu’il interrompait[1]. À propos de ces précautions prises par les Romains pour éviter les points hauts sur le parcours des siphons, il est bon de signaler ici une observation faite par Flacheron, aux tabliers des divers ponts-siphons. Sensiblement horizontaux, comme le vent le principe du venter de Vitruve, ils ont leur extrémité aval très légèrement plus haute que l’extrémité amont, ce qui s’explique très bien. Si le tablier eût été horizontal, l’air eût pu rester stagnant et se loger dans les plus légers bombements de la conduite. Avec cette disposition, au • contraire, il tend naturellement à s’en aller toujours vers l’aval, donc à s’échapper du siphon.

Signalons encore la fenêtre percée à chaque réservoir de chasse dans un des murs latéraux, à 1m,30 environ au-dessus du radier ; cette fenêtre servait de déversoir en cas de venue d’eau trop abondante. Il est probable qu’un tuyau s’adaptait à cette ouverture et déversait l’eau de trop-plein dans une rigole par où elle s’écoulait vers la rivière.

  1. V. ci-dessus, p. 52 suiv.