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Percées longitudinales dans les piles à Soucieu et à Beaunant. — J’ai signalé, en décrivant les ponts-siphons de Soucieu et de Beaunant, les ouvertures ménagées au travers des piles, dans le sens longitudinal, ce qui allégeait celles-ci en créant une enfilade d’arceaux, agréable au coup d’œil. On dut ensuite, pour raisons de solidité sans doute, aveugler la plupart de ces ouvertures. C’étaient des arceaux construits d’après les mêmes principes que les arcades transversales. Gasparin se montre sévère pour ce dispositif qui prouve selon lui, de la part de l’architecte constructeur de l’aqueduc, une ignorance complète des conditions de stabilité d’une voûte[1]. Il y a dans ce jugement une évidente exagération. Il ne resterait pas autant de ces voûtes après dix-huit siècles si leur conception avait été le fait d’un architecte ignorant. L’idée en elle-même est d’autant plus admissible qu’on en voit des applications dans la construction moderne. Quant à la nécessité où l’on s’est trouvé de boucher la plupart de ces percées, il est possible que le souci de l’élégance ait d’abord un peu trop préoccupé l’architecte; la faute était, en tous cas, de celles qu’il était facile de réparer; et, d’ailleurs, nous ne savons pas au bout de combien d’années cette modification a été exécutée. Toute construction exige, au bout d’un certain temps, des travaux de consolidation; on a exécuté celui-là parce qu’il était évidemment le plus facile. Et s’il nous semble bizarre, contraire à une disposition harmonieuse, qu’au pont de Beaunant un certain nombre de piles aient toujours été bouchées[2], il faudrait connaître l’état des lieux environnants à cette époque pour savoir si cela n’était pas imposé par de bonnes raisons, même esthétiques. Il est prudent de ne pas condamner quand la cause n’est pas entièrement connue.

Ne pouvant décrire comment les tuyaux des siphons étaient posés et ajustés sur les ponts, contentons-nous de poursuivre la description du travail aux simples ponts-aqueducs, en prenant toujours pour exemple ceux qui soutenaient le canal du Gier.

  1. Ouv. cit., p. 5.
  2. V. ci-dessus, p. 128.