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voussoirs réguliers, pierres plates déjà décrites, taillées dans le micaschiste. On l’établissait au moyen de cintres reliés par des couchis sur lesquels on étendait une mince couche de mortier avant de poser les voussoirs; ceux-ci n’étaient d’ailleurs pas reliés entre eux par du mortier. J’ai déjà eu l’occasion plusieurs fois, en décrivant les canaux souterrains bien conservés, de mentionner l’empreinte polygonale laissée par les couchis dans le mortier qui revêt l’intrados. La voûte terminée sur une certaine longueur, on surélevait les piédroits à l’extérieur, dans le cas où ils débordaient l’épaisseur de la voûte, jusqu’au niveau du faite de l’extrados de celle-ci, ou un peu au-dessus, et l’on recouvrait le tout d’un revêtement de ciment légèrement bombé, qui formait la couverture et le couronnement de l’ouvrage (fig. 102 et ci-dessus, fig. 11, 52).

Tel est le procédé de construction uniforme pour tous les ponts-aqueducs construits en petits matériaux. Lorsque la maçonnerie est de grand appareil, comme aux arcades de la campagne romaine, ce sont de grandes pierres de taille qui forment la base du radier, les piédroits et la couverture; mais le garnissage intérieur de la cuvette est toujours le même. Quant aux cuvettes superposées à ces canaux de pierre de taille (on sait que l’Anio novus surmonte la Claudia, que Tepula et Julia surmontent Marcia), elles sont constituées d’une façon semblable à celle qui vient d’être décrite en détail.

En considérant les principaux aqueducs de l’empire romain, nous trouverions sans doute bien des variétés d’arcades, mais tout se réduirait à des combinaisons entre les trois systèmes décrits : grand appareil massif ou garni, petits parements avec blocage. Nous verrions par exemple qu’au pont du Gard, composé de trois étages d’arcades, les deux premiers sont construits en grand appareil massif, le dernier, qui porte l’aqueduc, en moellons smillés (moyen appareil) et blocage ; que les piles y sont renforcées par des becs triangulaires élevés seulement jusqu’au-dessus du plan des naissances; qu’à l’aqueduc de Metz, le pont qui traversait la Moselle, composé de cent quatorze arches sur 1.120 mètres de longueur et une hauteur maxima de 33 mètres, était soutenu par des piles en blocage avec petit appareil rectangulaire, et que ces piles présentent, dans tous les sens, des saillies