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poussières volcaniques, cailloux et briques en proportions variées, à former des substances, appelées suivant les cas, mortarium, arenatum, intrita, signinum, et adaptées à toutes les exigences auxquelles satisfont nos chaux, mortiers ordinaires et hydrauliques, bétons, ciments naturels et artificiels. Ne descendant que très rarement jusqu’aux qualités médiocres que nous supportons trop souvent pour les matériaux de nos bâtisses vulgaires, ils obtenaient pour certains mélanges des propriétés de résistance telles, que les plus durs des ciments fabriqués aujourd’hui grâce au développement de la minéralogie et de la chimie, ne l’emportent pas de beaucoup en cohésion et en force sur certains ciments romains, inattaquables à l’effort des siècles.

Si bien qu’une croyance fort répandue, même parmi des gens instruits, consiste à s’imaginer que les Romains possédaient un secret de fabrication pour ces fameux ciments, un secret que l’on n’a pas retrouvé, même à l’aide des procédés techniques les plus savants. Ce secret résidait-il dans les proportions d’un mélange constitué de telle sorte qu’une infime variation dans le rapport des composants modifierait entièrement le composé ? S’agirait-il d’un mystérieux réactif, d’une substance qu’on ne sait plus utiliser, d’un certain degré de cuisson auquel on ne sait plus se tenir, d’une dissociation ou d’une combinaison empirique qu’on ne sait plus préparer ? Nos gens ne sauraient le dire. Mais ils défieraient sérieusement le plus grand chimiste de tous les Instituts d’Europe de refaire le « ciment romain ».

En réalité, l’analyse chimique, l’observation à l’œil nu ou au microscope ne révèlent dans les mortiers ou ciments romains aucune substance qui ne soit employée encore : pouzzolane, brique pilée, graviers, cailloux et fragments de briques, dits tuileaux, de diverses grosseurs, voilà tous les ingrédients qui y entraient, outre la chaux et le sable. Le mérite et l’art des ouvriers romains consistaient à bien choisir ces éléments, à les bien préparer séparément, à les combiner à propos suivant les cas, et à soigner parfaitement les mélanges. C’était un travail assurément délicat, que l’existence des produits calcaires industriels épargne dans une certaine mesure à nos ouvriers. Ces produits permettent d’arriver avec moins de frais et de peine à des mélanges aussi solides. Nous ne savons plus faire le ciment romain, parce que