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nous n’avons plus besoin de savoir le faire. Ce qui ne manque que trop souvent à nos maçons, c’est de savoir bien faire le leur.

Ajoutons, comme le fait remarquer Vicat, que par l’action prolongée de l’acide carbonique, et dans beaucoup de cas, par la lente adjonction de principes pouvant à la longue attaquer le sable et rendre la silice susceptible de se combiner avec la chaux, le temps a été sans doute pour ces matériaux un agent de consolidation puissant.

A. — Chaux[1].

Les anciens ne semblent pas avoir fait la distinction entre les chaux aériennes et les chaux hydrauliques : ils auraient donc négligé de calciner les calcaires argileux. En effet, on ne retrouve pas dans les constructions antiques l’équivalent de nos mortiers usuels de chaux hydraulique ; et de plus, aucune mention n’est faite dans les auteurs d’une chaux spéciale faisant prise sous l’eau sans le secours d’une autre matière telle que la pouzzolane ou le tuileau pulvérisé.

Vitruve[2] s’exprime ainsi au sujet des différentes espèces de chaux :

« De harenae copiis cum habeatur explicatum, de calce diligentia est adhibenda uti de albo saxo aut silice coquatur. Et quae erit ex spisso et duriore, erit utilis in structura ; quae autem ex fistuloso, in tectoriis. »

  1. Toute chaux provient de la calcination des pierres calcaires, carbonates de chaux naturels. Tirée du four, elle est à l’état de pierre sèche, qu’on appelle chaux vive. Pour la rendre utilisable, il faut l’éteindre par l’eau. La chaux éteinte est un hydrate de chaux. Suivant la composition de la pierre calcaire, la chaux obtenue est aérienne ou hydraulique. La première, qui ne contient pas ou contient peu d’argile, immergée dans l’eau, y reste indéfiniment à l’état de pâte molle; elle durcit au contraire solidement à l’air, en formant un hydro-carbonate de chaux. La seconde, qui contient de l’argile, fait prise sous l’eau par l’action de l’argile sur la chaux pure qui lui est mélangée : il se forme un silicate double d’alumine et de chaux, dur et solide. Les chaux aériennes se subdivisent en chaux grasses et en chaux maigres. Les premières sont les chaux pures ; elles absorbent l’eau rapidement à l’extinction, en s’échauffant beaucoup et en augmentant beaucoup de volume ; les secondes sont mélangées de matières étrangères ; elles s’échauffent moins à l’extinction, augmentent peu de volume, et forment une pâte moins liante. Les chaux hydrauliques, qui sont des chaux maigres, contiennent de 10 à 35 parties d’argile pour 90 à 95 de chaux pure. Celles qui contiennent le plus d’argile font prise sous l’eau en 2 ou 3 jours; celles qui en ont le moins font prise en 10 ou 20 jours.
  2. ii, 5.