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ex silice. » Question d’appréciation. Peut-être Caton n’en connaissait-il que des variétés de qualité inférieure ; et Pline, comme presque toujours, est un simple écho.

Par les mots fistuloso et spongia, il ne faut pas entendre, comme on l’a fait souvent, la lave ou la pierre ponce, qui ne contiennent pas de chaux, mais les calcaires plus ou moins poreux pénétrés de fossiles, tels le calcaire pisolithique situé au-dessus de la craie blanche, au sommet du terrain crétacé supérieur, ou les calcaires coquilliers, entre autres le calcaire grossier de l’éocène moyen. Ce saxum fistulosum convient, disent Vitruve et Pline, plutôt aux enduits (tectoriis) qu’à la construction. Pourquoi cela ? D’abord de quels enduits s’agit-il ? Non pas sans doute des revêtements de bassins et d’aqueducs, ou autres garnissages analogues, mais simplement des crépis pour les murailles. Les calcaires poreux dont je viens de parler sont souvent imprégnés de matières étrangères, spécialement d’oxyde de fer, et ne donnent guère que des chaux maigres, n’ayant pas le liant et l’onctueux nécessaire pour faire de très bons mortiers, mais d’un excellent emploi à l’état naturel, en lait de chaux, pour enduire les surfaces.

La préférence de Pline pour la pierre de carrière, comparativement, à celle qu’on recueille au bord des rivières, est toute naturelle. Il entend probablement par cette dernière certains blocs calcaires plus ou moins gros provenant de la désagrégation des roches rongées par le courant dans les vallées escarpées, plutôt que des cailloux roulés, exclus déjà par la phrase précédente. Les pierres de carrière, n’ayant subi aucune altération par les éléments, sont évidemment plus pures. Mais on est quelque peu surpris de ce que Pline cite la pierre meulière comme un calcaire, étant donné que cette pierre est de nature siliceuse. Cela s’explique pourtant. Les formations lacustres qui ont donné naissance aux pierres meulières se composent de calcaires siliceux dans lesquels la silice est en général très prédominante : ce sont ces derniers qu’on emploie de préférence pour les meules de moulins et qu’on appelle par suite plus proprement meulières ; mais il en est d’autres un peu plus riches en chaux qu’on peut encore employer à cet usage, comme certains calcaires tufacés très durs, le travertin, par exemple, pierre de Tivoli (Tiburtinum saxum). La chaux obtenue par la calcination de