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Ces trois textes, les seuls, avec celui de Caton rappelé par Pline, qui puissent nous fournir quelques renseignements sur cette matière, présentent un certain nombre d’assertions et d’expressions communes : manifestement, les auteurs des deux derniers avaient le premier sous les yeux quand ils ont écrit. Toutefois ils ne parlent pas toujours exactement des mêmes choses et sur les points communs ne sont même pas entièrement d’accord.

Tous trois désignent en premier lieu les roches blanches, comme donnant la meilleure chaux. Il s’agit ici évidemment de la craie et des autres calcaires blancs qu’on trouve aux divers étages géologiques, et qui sont susceptibles, par leur pureté, de donner de bonnes chaux grasses. Il en est de même des pierres dures, formant des bancs épais, comme celles du terrain jurassique moyen, au-dessus de l’oolithe. Composés de carbonate de chaux à peu près pur, ces calcaires, très bons comme pierres de construction, peuvent certainement fournir des chaux grasses, de première qualité. Les pierres colorées semblent à Pline, comme à Caton, défectueuses pour la chaux ; la coloration étant la plupart du temps l’indice de la présence de sels minéraux, de substances argileuses ou marneuses, ils les écartaient sans doute comme moins pures.

Il est évident qu’on ne peut donner au mot silex, dans les textes de Vitruve et de Pline, son sens propre de silice, silex, en français : un silex ne contient pas de chaux. Placé à côté de saxo, il faut sans doute entendre par le mot silice, chez Vitruve, la caillasse, le calcaire à l’état noduleux et fragmentaire, comme celui qui se trouve par exemple à la base du lias, en bancs séparés par des lits de marnes à gryphées arquées, et qui s’exploite bien comme pierre à chaux ; ou comme ces calcaires concrétionnés, à texture fibreuse, qu’on observe dans les cavernes, dans diverses roches conglomérées des terrains neptuniens, dans les limons quaternaires, au pied de certains escarpements, et dans le lit de quelques rivières. Ce sont probablement ces derniers que Palladius désigne sous le nom de saxum columbinum fluviale. Pourquoi columbinum ? Peut-être à cause d’une certaine teinte grisâtre ? On ne peut savoir au juste. Ces calcaires fragmentaires, admis par Vitruve, étaient réprouvés par Pline, sur la foi de Caton : « ad utrumque damnatur