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Ces chiffres sont évidemment très inférieurs à ceux que donneraient des échantillons pris dans les conditions voulues, c’est-à-dire arrachés à l’intérieur d’un massif intact jusque-là, et au moment où on le démolit. Pour la plupart, ceux-ci proviennent de surfaces déjà effritées ou de blocs détachés, exposés à l’air libre depuis un certain temps ; les morceaux se prêtent d’ailleurs plus ou moins bien aux essais suivant leur volume et leur forme, et ceux-ci étaient tous trop petits et trop irréguliers. Mais précisément ces conditions très défavorables de l’épreuve, tout en ne nous permettant pas d’affirmer la supériorité du travail à tel aqueduc sur le travail exécuté à tel autre, nous prouvent que non seulement les mortiers romains atteignaient à de très hautes résistances, puisque les chiffres de 110 et 120 sont déjà par eux-mêmes fort, élevés, mais encore qu’on ne descendait pas au-dessous de résistances bien plus que moyennes, car 33 et 36 kil. équivalent à celles de nos meilleurs mortiers ordinaires[1]. Somme toute, étant donné qu’en général, après un an, un mortier fait avec un tiers de bon Portland supporte environ 200 kil. par centimètre, carré, un bon mortier de chaux hydraulique, 100 à 150 kil. et un bon mortier ordinaire de 30 à 35 kil, les essais dont les résultats

  1. Je crois qu’on ne se tromperait guère en triplant ces deux derniers chiffres, car non seulement j’ai prélevé les échantillons dans les conditions que j’ai dites, mais pour le béton surtout, il aurait fallu de grosses masses pour pouvoir faire des essais concluants. Au surplus, voici les résultats d’un certain nombre d’essais à l’écrasement opérés, sur des mortiers récents :

                         Kilog. par centim. carré
    Mortier ordinaire en chaux et sable de rivière, après 6 mois de fabrication . . 35k
    Mortier ordinaire de chaux grasse et sable, après 14 mois de fabrication . . . .14k
    Mortier de chaux hydraulique ordinaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74k
    Mortier de chaux éminemment hydraulique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .144k
    Mortier de chaux grasse avec ciment de tuileaux piles . . . . . . . . . . . . . . . . . .48k
    Mortier à pouzzolane de Naples ou de Rome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37k
    Mortier en ciment de Vassy, avec moitié de sable, après 15 jours de
    fabrication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155k
    Mortier de ciment de Portland de Boulogne, avec les 2/3 de sable, datant
    de 4 mois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92k
    Mortier de ciment de Portland de Clairefontaine, avec les 2/3 de sable,
    datant de 8 mois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98k
    Mortier de ciment de Portland de Clairefontaine, avec moitié de sable,
    datant de 18 mois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242k
    Béton en bon mortier hydraulique, au bout de 18 mois . . . . . . . . . . . . . . . . . .40k

    Comme on voit, là aussi les essais donnent des écarts considérables avec des matériaux sensiblement pareils ; ce qui prouve qu’il y a toujours une certaine part de hasard dans ces épreuves et qu’il faut s’en tenir à des moyennes.