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sont inscrits ci-dessus ne font que confirmer ce que l’on a toujours pensé de l’excellence des mortiers, ciments et bétons romains.

D. — Bétons.[1].

J’ai déjà fait observer (p. 238, note i) la différence essentielle des blocages romains avec les bétons ; elle consiste en ce que ces blocages ne sont pas d’avance préparés par mélange de mortier et de cailloux, puis versés dans la fouille ou entre les parements. Le blocage sans compression surtout en est tout à fait distinct, ce qui se reconnaît d’autant mieux que les fragments qu’on y observe auraient été le plus souvent beaucoup trop gros pour être brassés avec le mortier. Bien entendu, il ne faut pas non plus considérer comme bétons les mortiers dans la composition desquels entrent de petits graviers de la grosseur de 1/4 de centimètre à 1 centimètre cube, faisant, partie du sable lui-même ; tel est presque partout le mortier qui lie les petits moellons du blocage aux piles de l’aqueduc du Gier ; on resserrait plus ou moins ces moellons suivant que les graviers étaient plus ou moins menus, plus ou moins rares. Les revêtements de cuvettes et de radiers comportaient aussi presque toujours, comme j’ai eu l’occasion de le faire remarquer, de petits grains de tuileau de la grosseur d’un pois noyés dans la pâte, faite elle-

  1. Le béton des constructions modernes est un mélange de mortier hydraulique avec des cailloux, du gravier ou des pierres cassées dont la grosseur varie de 0m,03 à 0m,04 et va même jusqu’à 0m,05 ou 0m,06. La maçonnerie incompressible ainsi formée est plus économique et offre plus de résistance que le mortier seul. Les proportions du mélange influent grandement sur la prise, l’incompressibilité, le degré de dureté, et l’imperméabilité du béton.
    Le béton est gras, lorsque le volume du mortier est égal à celui des vides, ou est en excès. Il est maigre, lorsque le volume du mortier est inférieur à celui des vides. On cherche en général à se tenir dans la moyenne. Il se compose alors de 3 à 4 parties de pierres avec 2 parties de mortier.
    Le béton se fabrique sur une aire en planches et à l’abri, sous un hangar. Le mortier y est étendu ; par-dessus on répand la pierre cassée et on effectue le mélange à plusieurs reprises avec des rabots, pelles, grilles en fer et pilons. On compte en général une journée d’ouvrier pour 1m,30 de béton non tassé.
    Suivant le degré d’hydraulicité du mortier composant, les bétons sont à prise plus ou moins rapide ; quand le mortier est un mortier de ciment, il faut hâter la confection et l’utilisation du produit.
    Quand le béton doit être employé à sec, on l’amène à pied d’œuvre dans des brouettes ou des conduits en planches. On l’étend dans la fouille par couches successives de 0m,15 à 0m,20 d’épaisseur. Chaque couche est battue avec de lourds pilons, pour répartir bien uniformément le mortier dans la masse. Quand le béton est destiné à établir des fondations sous l’eau, on le fait couler au fond, soit par des trémies, sortes de cheminées mobiles, soit par des caisses que l’on renverse ou dont on ouvre le fond au moyen de cordes et de leviers.