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même de ciment de tuileau. Il faut distinguer avec soin ces revêtements, des gaines et fonds de radiers qui, formés de la même; pâte de mortier-ciment, contenaient, agglomérés dans cette pâte, des fragments de briques ou tuiles de 2 à 5 centimètres cubes. Aussi ai-je toujours, dans la description, réservé le mot de ciment pour les revêtements, et de béton pour les gaines et fonds recouverts.

Vitruve[1] parle du béton en termes explicites, à propos de la construction des citernes. C’est l’opus signinam. « In signinis autem operibus haec sunt facienda. Uti harena primum purissima asperrimaque paretur, caementum de silice frangatur ne gravius quam librarium, calce quam vehementissima mortario mixta ita ut quinque partes arenae ad duas respondeant. Eorum fossa ad libramentum altitudinis quod est futurum calcetur vectibus ligneis ferratis. Parietibus calcatis in medio quod erit terrenum exinaniatur ad libramentum infimum parietum. Hoc exaequato solum calcetur ad crassitudinem quae constituta fuerit ». « Le bétonnage s’opère ainsi : On prépare du sable très pur et très graveleux ; on casse de la pierre dure en cailloux d’une livre (326 gr.) au plus ; on fait un mortier de chaux très fusante, contenant cinq parties de sable contre deux de chaux, auquel on ajoute les cailloux. Un fossé creusé à la profondeur que doit avoir la citerne est rempli de ce mélange qu’on bat avec des pilons en bois à semelles de fer. Les murs ainsi faits par pilonnage, on enlève le massif de terre qu’ils entourent jusqu’au niveau de leur base. Puis on égalise le fond et on y fait le pilonnage du mélange jusqu’à l’épaisseur voulue. »

Il n’y a rien à ajouter à cette description, qui montre que le bétonnage à sec ne s’opérait pas autrement qu’à notre époque[2]. On voudrait trouver une description du procédé par simple compression, et une indication des cas où il était préféré au bétonnage ; de même une mention de la fréquence des bétons constitués comme ceux qu’on trouve aux aqueducs, par ciment de tuileau et fragments de briques. Mais nous avons assez vu

  1. viii, 6, 211.
  2. Vitruve parle ailleurs (v. 12) du bétonnage sous l’eau, à propos de la construction des ports.