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strictement, parce qu’on ne peut avoir dans chaque localité toutes les ressources qu’on voudrait. Il faut donc utiliser ce qu’on trouve à sa portée, pierres de taille, cailloux, moellons, brique cuite ou crue. »

Ce principe de s’accommoder de ce que l’on a sous la main, énoncé ici par Vitruve à propos des remparts de villes, est applicable à toutes les constructions romaines, et s’accorde à merveille avec l’esprit d’économie et d’ingéniosité pratique qui a guidé et suivi les Romains partout. Il apparaît dans leurs aqueducs de Lyon, entre autres, avec une clarté manifeste.

A. — Briques.

Etablis dans une région où le sol est constitué par une roche dure, mais facile à débiter en moellons, les aqueducs de Lyon ne nécessitaient pas pour leur construction l’emploi de la brique, dont la résistance, quelle que soit la qualité, est toujours inférieure à celle de la pierre de qualité moyenne. Mais des bancs d’argile se rencontrent aussi en bien des endroits aux alentours de Lyon, et au pied du massif du mont Pilat, de sorte que la brique n’étant pas rare dans le pays pouvait facilement être mise en usage, soit pour certaines assises, comme nous avons vu, soit pour entrer à l’état de fragments ou de poussière dans la composition des mortiers et bétons.

Ce sont des briques cuites qui étaient, employées aux aqueducs de Lyon[1]. Vitruve ne s’occupe que de la brique crue : il donne des indications et des conseils, d’ailleurs fort justes, sur l’époque du moulage, la durée du séchage, et les inconvénients qui résultent de l’insouciance à ce sujet[2].

Il indique trois espèces de terre à brique : terra albida cretosa[3],

  1. D’après Varron, l’usage de la brique cuite était spécialement répandu en Gaule « E lateribus coctilibus, ut in agio gallieo. » (De Re rustica, i, 14.)
  2. ii,3.
  3. Il est à peine utile de faire observer que le mot creta n’est pas seulement pris par Vitruve et les autres auteurs techniques dans le sens de craie, mais désigne aussi toute espèce de terre grasse, blanche ou non, peu favorable à la culture, bonne pour le lutage et pour la poterie (Varron, De Re rustica, i, 7 ; — Caton, 34 et 39 ; — Pline, xiv, 25, xxxi, 28; — Virg. Géorg, i, 179 ; — et surtout Columelle iii, 11) : « Cretosa humus utilis habetur viti : nam per se ipsa creta, qua utuntur figuli, quamque nonnulli argillam vocant, inimicissima est. »