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calcaire à grain fin), ne comprend guère que des pierres de nature plus ou moins volcanique, tufs, laves et basaltes. Comme il parle des matériaux très usuels, l’auteur ne mentionne dans sa liste ni le marbre ni le porphyre, qui sont matériaux de luxe. On voudrait y voir figurer des pierres de différents terrains et de divers pays.

En ce qui concerne les qualités de durée, rien n’était meilleur que les pierres employées aux parements des aqueducs de Lyon ; mais elles se prêtaient mal à une taille régulière en blocs massifs. L’adoption du système réticulé a été une solution fort élégante pour leur utilisation; l’aspect en est gai, ses rayures croisées se détachent bien sur l’horizon. Rien au contraire n’est plus triste et plus terne que les piliers construits en petit appareil rectangulaire avec les pierres de cette nature. L’architecte du dernier aqueduc était un homme de goût, un véritable artiste, et a proscrit cette disposition. Même quand il a voulu, en certains endroits de préférence, rehausser la beauté des lignes d’arcades, il a eu recours à d’autres pierres plus claires que celles du pays, en les alternant, avec celles-ci pour former le damier, ou en les employant seules, comme sur les plateaux de Soucieu et de Chaponost. Ce sont des calcaires qui ne se trouvent, pas dans les départements du Rhône et de la Loire, et qui, par leur grain fin, leur dureté et leur poids, semblent, appartenir à ces bancs qu’on exploite dans le département de l’Ain, non loin de Belley, et qu’on appelle pierres de choin. Au pont de Beaunant elles ont été employées non seulement pour les petits prismes clairs du parement, mais en gros blocs taillés, dans les fondations. Sur le plateau de Soucieu, c’est une pierre, du même grain qui constitue à elle seule le réticulé ; mais elle se distingue par une teinte légèrement rosée qui lui donne plutôt une certaine analogie avec la pierre de Tournus, au nord de Mâcon. Ainsi, pour la beauté du coup d’œil, on avait, aux ouvrages destinés à être particulièrement en vue, dérogé au principe de la sévère économie.