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avait beau être à la mode au moment où s’est construit l’aqueduc du Gier, il est probable que si le sol qu’il sillonné eût offert de beaux blocs pour la taille, on n’eût pas hésité à le construire en grand appareil. De même, on eût façonné la couverture de l’aqueduc du Mont-d’Or en plein cintre avec voussoirs, si l’on n’eût rencontré sur toutes ces pentes des calcaires se détachant en larges assises qui pouvaient, sans taille, s’appliquer sur les montants des piédroits pour former couvercles. Leurs surfaces étaient d’autre part peu propres, à cause de la rugosité que leur donnent les fossiles, à faire de bons voussoirs ainsi à l’état brut, tandis que les micaschistes des terrains primitifs présentaient d’eux-mêmes les surfaces lisses qu’il fallait. La règle générale était si bien de profiter des matériaux existant sur place que l’on peut reconnaître le changement de terrain entre deux ponts de l’aqueduc du Gier, à voir les pierres différentes qui garnissent l’intérieur des piles, fragments fournis par les déblais des tranchées. Ainsi, près de Saint-Chamond, les blocages sont faits surtout d’un certain grès houiller grossier, caractéristique de l’étage; à partir de Chagnon, où l’on s’écarte de la cuvette houillère, ce grès disparaît complètement.

Vitruve (ii, 7), en passant en revue les différentes pierres à bâtir fournies par le sol de l’Italie, les apprécie très judicieusement suivant leur dureté[1], leur résistance à l’écrasement[2], leur aptitude à la taille[3], leur façon de se comporter au feu[4], à la mer[5],et surtout à l’air[6], au froid et à la neige[7].On n’a pas à se placer à d’autres points de vue. Bien qu’il reconnaisse que les qualités des unes et des autres ne soient pas toujours comparables[8], Vitruve semble donner la préférence à la pierre d’Albe, le péperin et ses variétés. C’est un tableau juste, mais restreint, tout à fait régional et, qui, à part la pierre de Tibur (le travertin,

  1. Il les divise à cet égard en trois classes : molles, temperatae, durae.
  2. Sustinent laborem (Les pierres de Rubra, de Fidène, et d’Albe). Sufferunt ab oneribus injurias. (Les pierres de Tibur.)
  3. In opere faciliter tractantur. (Id.)
  4. Ab igni non possunt esse tuta, simulque sunt ab eo lacta dissiliunt et dissipantur. (Id.)
  5. Secundum ora maritima ab salsugine exesa diffluunt. (Les pierres tendres.)
  6. Cum sint vetasta, sic apparent recentia. (Pierres du lac de Vulsinies.)
  7. Gelicidiis et pruinis friantur et dissolvantur. (Les pierres tendres.)
  8. Inveniuntur disparibus et dissimilibus virtulibus.