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l’effort même que révèlent ces traces de coups, paraissent bien démontrer que le curage ne se faisait pas très fréquemment à ces aqueducs, et que les regards, sans être démesurément écartés, n’y étaient pas aussi multipliés qu’à l’aqueduc Trajana, à Dougga, ou même à Bologne.

L’aqueduc du Mont-d’Or, dont les eaux étaient un peu calcaires, offre quelques traces d’incrustations. On n’y a pas constaté de regards ; mais la façon dont les dalles qui recouvraient le canal étaient posées, permettait, d’ouvrir celui-ci n’importe où, très facilement : le curage en était donc fort aisé. À La Brévenne, Flacheron paraît avoir vu quelques regards ; du moins, il représente leur dispositif par un dessin, sans indiquer nettement si ce dessin provient d’une hypothèse ou d’une observation réelle. La cheminée de l’orifice telle qu’il l’indique forme à peine une légère saillie au-dessus du niveau de l’extrados et l’ouverture n’est pas plus large que le trou d’homme d’une chaudière. D’après cela, il n’est pas étonnant qu’il soit difficile de la retrouver.

C’est ce qui expliquerait aussi que les seuls regards constatés à l’aqueduc du Gier soient les puits du tunnel de Mornant, dont j’ai parlé en décrivant le tracé de l’aqueduc[1]. Ils sont construits intérieurement comme ceux de Dougga ; peut-être présentaient-ils jadis, eux aussi, au-dessus du sol, quelque relief maçonné qui a favorisé leur conservation[2].

Belgrand a découvert un regard à l’aqueduc de Sens ;un dessin que je reproduis (fig. 113) représente dans son ouvrage la coupe en long de l’aqueduc et la disposition de ce regard. « L’ouverture, dit-il, est de forme carrée, de 0m,66 de côté et de 0m,15 de hauteur ; puis elle devient cylindrique et de 0m,45 de diamètre sur une hauteur de 0m,40. Elle est pratiquée dans un bloc de craie de forme carrée de 1m,20 de côté et de 0m,55

  1. Je n’en ai vu qu’un. Il en existe, dit-on, deux autres, dans des caves du village, où je n’ai pu entrer ; ils sont semblables, paraît-il, à celui que j’ai vu, mais plus profonds. Ils seraient distants d’environ 300 mètres, mais on ne peut rien en conclure, car il pouvait y en avoir d’autres.
  2. Leur ouverture est maintenant au ras du sol ou un peu au-dessous ; ils sont bouchés par des dalles, mais qui ne sont pas anciennes, ils pouvaient donc être surélevés autrefois. Frontin (De Aquis, 89) montre sa préférence pour les puits surélevés par une construction au-dessus du sol. De cette façon les pluies ne peuvent faire pénétrer dans la conduite des limons et des impuretés variées. « Quae capiuntur ex fontibus, in primis Marcia et Claudia, quarum splendor a capite integer nihil aut minimum pluvia inquinatur, si putea exstrueta et obtecta sint. »