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intérieures en sont très soignées, à joints réguliers et unis, avec de petites cavités ménagées pour le pied, afin de faciliter la descente. À côté de quelques-uns d’entre eux, on a retrouvé l’épaisse dalle qui servait à recouvrir l’orifice.

Pour expliquer cette fréquence de puits maçonnés, il n’est pas nécessaire de supposer, comme on l’a fait, que ces orifices dussent jouer le rôle d’ouvertures de sûreté pour le cas où l’obstruction de la conduite en aval aurait déterminé une accumulation d’eau sous pression. Aucun ingénieur ne songerait à admettre cette explication. Les considérer, ainsi qu’on l’a fait d’autre part, comme des puits creusés pour la construction, serait admissible si la conduite était en tunnel partout. Il est beaucoup plus simple de remarquer que ce rapprochement des regards n’est nullement un fait isolé, et qu’il était corrélatif sans doute du degré de pureté des eaux. Avec des eaux assez limoneuses et laissant beaucoup de dépôts, il était nécessaire d’avoir un grand nombre d’orifices d’accès dans le canal, de manière à en pouvoir opérer le curage vite et souvent.

Regards aux aqueducs de Lyon et à l’aqueduc de Sens. — Suivant cette considération, les regards, aux aqueducs du Gier et de La Brévenne, devaient être plus espacés que partout ailleurs. Leurs eaux, en effet, étaient si pures que l’on ne voit même pas la moindre incrustation le long des parois latérales. Issues de roches primitives dont les éléments sont insolubles et qui ne se désagrègent guère en matières boueuses, ces eaux passaient dans le canal sans entraîner autre chose que des sables et un peu de terre végétale provenant des érosions des cours d’eau en temps de crues. À l’aqueduc du Gier, la piscine de départ en éliminait d’ailleurs une bonne partie. Au contraire, les eaux, d’ailleurs excellentes, de l’alimentation romaine, venant des roches calcaires de la vallée de l’Artio, formaient au bout de quelque temps par incrustation des dépôts durs et denses, de texture cristalline, qu’il fallait faire sauter à coups de pic. On reconnaît encore à certains endroits la trace de ces coups[1]. L’épaisseur des dépôts que l’on constate,

  1. « Ho notato che la superficie degli strati più vicini alle sponde si mostra scalpellata a furia di piccone. »(Lanciani, ouvr. cité, p. 142 )