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Cette inscription indique qu’un entrepreneur de travaux publics, nommé Paquedius Festus, chargé par l’empereur Domitien de faire suivre à l’aqueduc Claudia un trajet raccourci en perçant le mont Affliano, réédifia au sommet de cette montagne un temple tombé en ruines, qu’il dédia à la Bonne Déesse, à la Mère des dieux, en reconnaissance de l’heureuse réussite de l’entreprise. L’exécution d’un semblable ouvrage devait donc être considérée comme particulièrement difficile.

Plus significative encore à cet égard est l’histoire du percement de l’aqueduc de Bougie (Colonia Julia Augusta Saldantium), histoire exposée tout au long dans la correspondance entre l’ingénieur chargé du travail et l’administration de la province. Cette correspondance figure sur une inscription trouvée en 1866 aux environs de Lambèse[1], sur un piédestal à six faces, dont trois intactes.

C’est d’abord une lettre de Varius Clemens, procurateur de Maurétanie Césarienne à Valerius Etruscus, gouverneur de Numidie. Dans cette lettre, écrite en l’an 152, sous le règne d’Antonin le Pieux, Clemens demande à Etruscus, au nom des citoyens de Saldae, d’envoyer dans cette ville un vétéran de la 3e légion, Nonius Dalus, qui exerçait la fonction de librator, c’est-à-dire de géomètre, arpenteur spécialement compétent pour les nivellements de routes ou d’aqueducs[2]. Ce Nonius Dalus avait, quelque temps auparavant, sous Petronius Celer, prédécesseur de Varius Clemens, étudié sur place un projet d’aqueduc pour la ville, fait les nivellements et déterminé le tracé sur le terrain. Il avait, en particulier, opéré le jalonnement (depalatio rigoris) pour la percée d’un tunnel qui devait être d’une assez grande longueur, sous la montagne appelée aujourd’hui El-Anaïa. Puis il était retourné à Lambèse, sa résidence, après avoir laissé à l’entrepreneur et à ses ouvriers le soin d’exécuter le travail conformément à ses plans. Mais en son absence, soit maladresse à se servir des instruments et des dessins, soit négligence, on commit une lourde erreur dans le percement du tunnel. Le jalonnement sur la montagne allait de l’est à l’ouest. On entama, selon l’usage,

  1. Rénier, I. A 3509. — C. I. L., viii, 2728.
  2. Cf. Pline le J., Lettres, x, 69, 70.