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en souterrain, certainement partout moins fréquente que la construction en tranchée à cause de sa difficulté plus grande, est tout à fait exceptionnelle aux aqueducs de Lyon. On n’avait aucun tunnel au Mont-d’Or ni au réseau de Craponne ; l’aqueduc de La Brévenne apparemment n’en a qu’un seul, très court, entre Montromand et Courzieu, à la Croix-de-Ville[1] ; à l’aqueduc du Gier, trois seulement sont bien reconnus : celui d’Izieux[2], celui de Chagnon[3] (au grand contour indépendant du siphon) et celui de Mornant[4]. Encore celui de Chagnon est-il plutôt une galerie au rocher longeant la surface qu’un tunnel proprement dit : le tracé en était relativement facile.

Les trajets en tunnels proprement dits, c’est-à-dire traversant une montagne ou une colline de part en part, nécessitaient au contraire des opérations délicates et une attention soutenue pour éviter les erreurs de tracé. On connaissait fort bien les moyens techniques pour déterminer ce tracé avec les instruments de géodésie[5], la dioptre en particulier, mais il fallait être très habile pour manier ceux-ci avec précision. C’était là qu’un directeur de travaux donnait la mesure de sa valeur. Une pierre gravée a été découverte au xviie siècle dans la Sabine, au fond de la vallée d’Arcese où elle avait roulé du haut du mont Affliano : sous cette montagne passe l’aqueduc Claudia. On lit sur cette pierre l’inscription suivante :

BONAE • DEAE • SANCTISSIMAE
CAELESTI • L • PAQVEDIVS • FESTVS
REDEMPTOR • OPERVM • CAESAR
ET • PVBLICORVM • AEDEM • DIRITAM
REFECIT • QVOD • ADIVTORIO • EIVS
RIVOM • AQVAE • CLAVDIAE • AVGVST
SVB • MONTE • AFFLIANO • CONSVMMA
VIT • IMP • DOMIT • CAESAR • AVG • GERM ̅X̅I̅I̅I̅I̅ • COS
V • NON • IVL

  1. V. ci-dessus, p. 84.
  2. P. 99.
  3. P. 110.
  4. P. 110.
  5. On peut se reporter, pour le détail de ces opérations, à notre étude publiée en même temps que celle-ci : Essai sur la science et l’art de l’ingénieur aux premiers siècles de l’Empire romain.