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fonctionnaient comme cheminées d’aérage, et servaient à retirer les déblais et à descendre les matériaux[1]. Ces puits étaient forés juste au-dessus de l’axe de la galerie. Un bas-relief trouvé dans l’émissaire de Claude au lac Fucin fournit de précieuses indications sur l’aménagement de ces puits et les manœuvres qu’ils permettaient d’exécuter : il représente le chantier au voisinage du lac.

« Le rivage commence à droite du spectateur par une ligne qui partage le bas-relief en deux moitiés inégales… On a, d’un côté, un triangle allongé où se distinguent trois choses : la côte rocheuse, une série de trois ou quatre arbres, et puis un double appareil très nettement figuré. Deux tambours sont fixés autour d’axes verticaux : sur l’un et l’autre sont adaptés horizontalement, mais enroulés en sens contraire, deux cordages qui vont passer par des poulies, grâce auxquelles, dès que le tambour se meut, l’un monte, l’autre descend. Il n’est pas difficile de reconnaître les mêmes moyens qu’ont employés aux mêmes lieux les ingénieurs modernes, sauf le remplacement du travail des esclaves par celui des chevaux… Claude… dut creuser son canal tout d’abord sous le mont Salviano haut de 300 pieds. Les ouvriers… ne purent. travailler à une telle profondeur qu’en multipliant les puits perpendiculaires que croisaient encore des cuniculi obliques. Ils établissaient ainsi les courants d’air respirable, et par ces issues, à mesure qu’avançait leur galerie, ils enlevaient les décombres ou introduisaient les matériaux utiles.

« Ce double système de puits nombreux et de cuniculi leur était évidemment habituel ; on le retrouve dans le travail de ce grand aqueduc, également attribué à Claude et en partie souterrain, qui amenait jadis les eaux salutaires du Sereno à la flotte de Misène. Chacun des principaux puits, dans la construction du Fucin, était garni de boisages destinés à soutenir les parois, et qui en se croisant, partageaient en quatre la section horizontale. Les cordages mis en mouvement par les tambours parcouraient, en passant par deux de ces ouvertures, le puits tout entier, l’un montant, l’autre descendant ; à ces cordages étaient attachés des

  1. Quelquefois, les simples puits étaient remplacés par des escaliers, comme en certains points de l’émissaire du lac Fucin, et à l’aqueduc de Bologne. Mais c’était là un dispositif de luxe très exceptionnel.