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bennes ou de grands seaux cylindriques, dans lesquels on chargeait les décombres. Une de ces bennes antiques, sans parler des fragments de plusieurs autres, a été retrouvée et se conserve dans les magnifiques greniers d’Avezzano. »[1]

Le souterrain de Chagnon. Exemples divers. — Tel fut probablement le travail au tunnel de Mornant et peut-être au souterrain en face de Chagnon. À ce dernier, on ne voit plus aucune trace extérieure des puits, qui auraient été du reste peu profonds, puisque le souterrain ne s’écartait guère de la surface[2]. S’ils ont existé[3], ils n’étaient pas très rapprochés les uns des autres, puisqu’on peut suivre ce souterrain sur près de cent mètres sans voir aucune ouverture à la voûte. Il a été dit plus haut que l’éboulement qui obstrue la galerie au bout de ce parcours pouvait faire croire à un puits comblé. D’autre part, pour la construction, on avait pu communiquer avec l’extérieur par de petits couloirs latéraux, chacun étant successivement bouché par la maçonnerie des parois, en même temps qu’on en ouvrait un autre dans le rocher un peu plus loin. Bien que la roche fut très dure et très homogène, et malgré l’indication de Vitruve citée[4] d’après laquelle l’aqueduc peut dans ce cas n’avoir d’autres parois que le rocher, on y avait non seulement établi une cuvette cimentée, mais construit murs et voûte exactement comme dans les tranchées et avec mêmes dimensions. Les murs constituant les massifs des piédroits sont jointifs avec le roc, mais un espace de 0m,50 à peu près a été naturellement laissé entre la voûte du rocher et l’extrados maçonné, pour permettre de construire régulièrement la couverture du canal. Ce vide a été ensuite comblé par une maçonnerie de blocage. Tout cela se distingue d’autant plus nettement au souterrain de la « Cave-du-Curé », que sur une longueur de trois ou quatre mètres à l’entrée, toute la maçonnerie a été peu à peu arrachée par les habitants du pays qui en ont tiré

  1. Geffroy, Revue Archéologique, 1878, p. 3 et suiv.
  2. V. ci-dessus, p. 110-111.
  3. On a des exemples de tunnels assez longs sans aucun puits. Tel est, en Tunisie, l’aqueduc d’Aïn-Taïba, qui alimentait jadis la ville romaine de Sua (Chaouach) à 9 kilomètres de Medjez-el-Bab ; aqueduc entièrement souterrain, long de 665 mètres. (Enquête sous la direction de P. Gaukler, fascic. III, rapport de M. Drappier, p 134.)
  4. V. ci-dessus, p. 284.