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II — ORGANISATION DU CHANTIER.

Nous aurons à nous occuper dans un des chapitres suivants de l’organisation du travail et de la condition des ouvriers employés à la construction des aqueducs : hommes libres ou esclaves, indigènes ou colons, soldats ou citoyens. En attendant, quelques mots peuvent trouver place ici, concernant la disposition des chantiers.

Nous avons vu comment s’élevaient les piles, comment s’installaient les échafaudages, lorsque les parements en comportaient, comment se réglait la succession ou la concomitance des travaux de maçonnerie extérieure et intérieure[1]. Tout était réglé avec d’autant plus de précision que chez les Romains chaque détail de la construction était dévolu à une catégorie d’ouvriers distincte qui n’empiétait pas sur le travail des autres : la répartition était beaucoup plus divisée et plus définitive que chez nous, à cause de la spécialisation plus tranchée des corps de métiers. Les fabri structores, ou maçons, se subdivisaient en :

Caemeniarii, ruderarii, chargés des moellons et blocages ainsi que de la confection des mortiers et ciments.
Quadratarii, lapidarii, tailleurs de pierres d’appareil.
Silicarii, parictarii, poseurs des parements et des chaînes d’angle.
Tectores, poseurs des revêtements et des enduits.
Arcuarii, constructeurs de voûtes.

Mais ces ouvriers spéciaux étaient aidés par de simples operarii, esclaves ou indigènes, pour le gros travail du chantier, et ceux-là pouvaient facilement passer d’une équipe dans une autre. On voit représentés sur certains reliefs de la colonne Trajane des chantiers de construction romains en activité : les manœuvres montent le mortier dans des paniers cylindriques posés sur l’épaule gauche, ou des pierres et des moellons chargés sur la nuque ; deux barres passant sur les épaules ou une corde enroulée maintiennent ce fardeau. Mais ceci ne fait voir qu’un coin de

  1. V . ci-dessus, p. 239 et suiv.