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de grandes dimensions. Leur largeur commune, d’après Fabretti, était de 5m,94, et leur longueur respectivement de 19 mètres et 9 mètres. Les murailles avaient environ un mètre d’épaisseur. Mais il ne subsiste et il ne subsistait déjà au temps de Fabretti aucune trace de l’arrivée et de l’échappement des eaux, ce qui n’est pas surprenant ; en effet, le bâtiment était détruit sur une grande partie de sa hauteur, et les entrées et sorties avaient naturellement existé autrefois au niveau des aqueducs; or, ceux-ci, dans le voisinage, étaient, comme on sait, soutenus par des substructions.

Ces piscines (piscinae limariae) servaient donc à la fois de bassins d’épuration et de dispositifs pour le jaugeage. Quelles étaient ces jauges ? Frontin ne le spécifie pas. Mais étant donné le système de modules qui sera expliqué plus loin, il est à supposer qu’il s’agissait de simples ouvertures rectangulaires par lesquelles l’eau était assujettie à passer sous une charge donnée. On ouvrait le nombre d’ouvertures nécessaires pour que cette charge demeurât constante : chacune d’elles correspondant, à un nombre déterminé d’unités de mesure (de quinaires), on obtenait ainsi le chiffre du débit.

Aucune piscine de ce genre n’a été constatée pour les aqueducs de Lyon aux approches de la ville, et il n’est pas probable que l’on en découvre. Cette absence tient à la pureté de l’eau, qui eût rendu peu utile une piscine épuratoire. Nous savons toutefois que l’eau du Gier se débarrassait des boues accidentelles dans un bassin[1] de décantation aussitôt après la prise d’eau. Il en était de même, et à bien plus forte raison, aux deux aqueducs amenant à Rome les eaux de l’Anio. Frontin[2] dit de cette rivière que, traversant des terres cultivées et un sol gras, elle entraîne, même hors des temps de pluie, des eaux limoneuses et troubles, et il mentionne la piscine épuratoire au départ de l’Anio novus. Celle de l’Anio vetus, dont il ne parle pas, existait aussi pourtant : toutes deux ont été reconnues. Cette dernière, reconnaissable à l’existence d’une muraille haute de 5 mètres, épaisse de 1m,75, paraît avoir occupé une superficie de 40.000 mètres carrés à peu près. Le bassin de l’aqueduc du Gier à Izieux n’a qu’une superficie

  1. V. ci-dessus, p. 93.
  2. De Aquis, 15.