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d’environ 8.000 mètres carrés, avec une profondeur qui devait être aussi de près de cinq mètres. L’Anio vêtus pouvant débiter plus de 4.000 quinaires, d’après Frontin, c’est-à-dire, suivant les calculs qu’on trouvera plus loin, près de 150.000 mètres cubes par 24 heures, ce débit journalier était un peu inférieur à la capacité de la piscine. D’après ce que nous verrons plus loin aussi, le débit de l’aqueduc du Gier n’atteignant pas 26.000 mètres cubes, et la capacité de la piscine étant de 40.000, celle-ci serait proportionnellement un peu plus grande, étant donné surtout que l’eau du Gier ne fournissait pas la totalité du contingent de l’aqueduc. On ne se tromperait donc pas beaucoup en disant que le bassin de La Martinière pouvait contenir une réserve pour 36 à 48 heures. L’épuration s’y faisait mieux encore qu’à la piscine de l’Anio vêtus, puisque l’eau y séjournait plus longtemps, et que l’Anio est bien plus limoneux que le Gier à n’importe quel moment. Par suite, on comprend aussi qu’une, seconde piscine d’épuration aux abords de la ville n’ait pas été nécessaire.

Meilleure était la qualité naturelle de l’eau, plus les Romains prenaient le soin de l’épurer par décantation, si elle était exposée à se troubler par les apports accidentels de limon. Aussi avaient-ils pris pour l’eau Virgo, excellente à boire[1], des précautions spéciales contre ces troubles passagers, en lui construisant sur le mont Pincio (Coliis hortorum) un bassin d’épuration très vaste et ingénieusement disposé. Cette piscine se composait (fig. 122) de quatre chambres voûtées, superposées deux à deux. L’eau pénétrait dans l’une des chambres supérieures, se déversait par des regards dans le compartiment situé au-dessous, passait par des baies latérales de cette seconde chambre dans la voisine, et de celle-ci remontait par des orifices verticaux semblables aux premiers dans la quatrième, où s’ouvrait le canal de sortie. Ces changements de direction successifs à très faible vitesse permettaient à l’eau de déposer tout le limon qu’elle avait gardé jusque-là. Des contre-pentes, ménagées dans le sol des chambres, amenaient les boues jusqu’à des orifices de vidange, que l’on

  1. « Quantum Virgo taclu, tantum praeslat Marcia hauslu. » (Pline, xxxi, 25). L’eau Marcia était donc encore meilleure à boire. Mais ces deux eaux étaient les plus appréciées de toutes.