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aux thermes, au théâtre. J’imagine, que, quand les deux fenêtres étaient ouvertes, c’est qu’on n’avait besoin d’eau ni aux thermes ni au théâtre, et les vannes V V" restaient fermées ; si ces deux établissements devaient s’alimenter à la fois, on fermait les deux fenêtres, et la réserve, contenue dans les citernes suffisait à l’alimentation du reste de la ville ; si le théâtre seul, ou les thermes seuls avaient besoin d’eau, on ne fermait qu’une des deux fenêtres.

Des citernes part un tronçon d’aqueduc, dont la suite, aujourd’hui démolie, devait conduire à un ou plusieurs châteaux d’eau réglant la distribution dans la ville. De contenance trop faible pour constituer une réserve de longue durée, ces citernes devaient servir simplement, comme la plupart de nos réservoirs modernes, à régulariser le débit journalier, se remplissant la nuit pour donner dans le jour à chaque, habitant, ainsi qu’aux fontaines publiques, un cube d’eau plus considérable que ne l’aurait permis le débit naturel de l’aqueduc.

Piranesi a reproduit en une série de dessins les ruines d’un prétendu château d’eau de l’aqueduc Julia, situé près de la porte Esquiline ; ces ruines forment encore un massif imposant sur la place Victor-Emmanuel. Ce monument, postérieur à Frontin, se relierait bien en effet à l’aqueduc Julia par le nivellement, plutôt qu’à celui d’Alexandre-Sévère[1]. Mais son aspect, et même les dessins de Piranesi, portent à le considérer bien plutôt comme une fontaine monumentale, un nymphée, que comme un château de distribution.

Je ne pense pas qu’en général les châteaux d’eau aient été de très vastes constructions, bien qu’ils fussent souvent somptueusement décorés[2]. Belgrand[3] les regarde comme de simples « cuvettes » et cela paraît exact pour la majorité des cas ; l’on voit, même par l’exemple de Yebourba que ces cuvettes parfois étaient très petites et n’étaient pas apparentes. Que ces castella aient été souvent précédés ou suivis de grands réservoirs ou

  1. On a été longtemps partisan de cette dernière attribution (V. Lanciani, ouvr. cité, p. 173). C’est à ce monument que se trouvaient autrefois les « Trophées de Marins » qu’on voit au haut de l’escalier du Capitole. On donne quelquefois encore ce même nom au monument de la place Victor-Emmanuel, bien que les Trophées eux-mêmes n’y soient plus.
  2. Pline, Hist. nat., xxxvi, 24.
  3. Ouvr. cité, p. 53.