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pas compte des tuyaux adaptés aux calices, le quinaire donnerait par seconde o lit.,693, soit 60 mètres cubes par 24 heures environ[1].

Or, il faut observer que Frontin ne dit rien de cette hauteur d’eau au-dessus du centre des orifices, et de plus, qu’il donne pour les modules la longueur de 12 doigts comme un minimum[2], et non comme une dimension fixe. L’hypothèse pèche donc par la base. Et d’ailleurs d’autres raisonnements formulés par Rondelet dans la suite de son ouvrage, montrent qu’il se rendait compte lui-même de la fragilité de celle-ci[3]. On ne saurait donc se fonder sur un résultat ainsi obtenu.

Essai d’évaluation a posteriori, et par les formules usuelles. Valeur moyenne. — Mais ne peut-on arriver à calculer la valeur du quinaire en prenant le nombre de quinaires indiqué par Frontin pour le débit de l’un des aqueducs, et en comparant ce chiffre à celui qu’on obtient par l’évaluation ordinaire : multiplication de l’aire de la section mouillée par la vitesse d’écoulement ? Un maximum de vitesse de la Marcia a été calculé dans un des chapitres ci-dessus[4] pour une section mouillée de 1m,70 de large sur 0m,60 de hauteur d’eau[5], non loin de la source, avec la pente de 2 mètres environ, adoptée par Rondelet. Cette vitesse serait de 2m,30. Dans ces conditions, le débit serait :

1m,70 × 0m,60 × 2m,30 = 2.346 litres,

soit 2 mètres cubes, 346 litres par seconde, et par 24 heures

  1. Prony, peut-être par suite d’un raisonnement analogue, indique pour la valeur du quinaire 0 lit. ,653 par seconde et 56m3,420 litres en 24 heures.
  2. « Longitudo ejus habere debet digitos non minus decem. » (De Aquis, 36.)
  3. « Il semble que du temps de Frontin, dit-il, on avait un moyen de vérifier la quantité d’eau autrement que par la superficie de l’orifice du module qui la fournissait, peut-être en recevant cette eau dans une mesure qui devait être remplie dans un temps donné, indiqué par des clepsydres, c’est-à-dire qu’on parvenait à fournir la quantité d’eau en un temps donné en plaçant le calice plus ou moins éloigné de la surface de l’eau du canal ou du réservoir qui la fournissait. » (Traduction du commentaire de Frontin, note page 42.)
    Et ailleurs :
    « Ce ne pouvait être qu’une espèce de tâtonnement indiqué par l’usage qui faisait placer le module un peu plus haut ou un peu plus bas, pour parvenir à lui faire fournir dans un temps fixé la quantité d’eau que comportait le module, reçue dans un vaisseau dont la capacité était connue. » (Addition au commentaire de Frontin, p. 69.)
  4. P. 172.
  5. Ces dimensions sont données par Belgrand, p. 62, d’après le colonel Blumensthil.