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définitivement comme invraisemblable que les habitants de la banlieue de Lyon, grands seigneurs ou autres, aient arrêté au passage une eau qui se dirigeait vers la ville, pour l’approprier à leur seul usage.

Quant aux simples dérivations, comme celles qui viennent d’être mentionnées, les environs de Lyon n’en ont pas jusqu’ici montré de traces certaines. Les seules canalisations qui paraissent s’écarter de la direction d’un aqueduc sont celles du plateau de Craponne, et je rappelle ici la découverte que j’ai faite de ces étranges amas de pierres recouverts d’une épaisse couche de béton au voisinage des tourillons ; sortes de drains dont j’ai expliqué le fonctionnement possible[1]. Cette région demande à être explorée davantage et il se peut bien que l’on retrouve non loin de là des canaux véritables : ce seraient des dérivations au profit de villas ou groupements suburbains. Mais il est certain qu’on ne retrouvera jamais rien qui ressemble aux dérivations de l’Anio novus, de la Claudia et de la Julia. Les conduites secondaires étaient, bien entendu, de plus petite section que les canaux qui leur donnaient naissance, mais elles comportaient, tout comme les conduites principales, des arcades, des châteaux d’eau, des piscines. Pour la villa de Septimius Bassus, sur la voie latine, une ligne d’arcades partait de l’Anio novus, et se prolongeait sur une longueur de 600 pas[2]. De même pour la villa des Quintilii, près de la voie Appienne, une dérivation de la Julia passait sur des arcades qui se voient encore sur une longueur de 720 mètres, mais qui devaient autrefois aller, dit-on, jusqu’à 1.500 mètres[3].

Quand la dérivation était faite au profit d’un groupe de concessionnaires, la répartition se faisait entre eux, selon les conventions, soit par des branchements secondaires, soit par un château d’eau pareil aux châteaux d’eau privés de l’intérieur de la ville. De toutes façons, l’eau était mesurée, tant pour la branche commune, que pour les diverses ramifications. Rien de plus simple que d’imaginer des systèmes de vannes-déversoirs donnant le débit voulu, Enfin, l’eau était souvent prise directement au canal

  1. V . ci-dessus, p. 37-38.
  2. « Duclus peculiaris opère arcualo passibus DC constans ab Anionis Novae arcubus derivatus fuit. » (Fabretti, iii, 18.)
  3. Lanciani, ouvr. cité, p. 182.