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ment les travaux publics dans les provinces. Les gouverneurs des provinces sénatoriales n’avaient souvent à leur disposition que quelques détachements, et dans les provinces impériales, toujours garnies de troupes, celles-ci, campées la plupart du temps non loin des frontières, ne disséminaient pas trop leurs contingents. Mais immobiliser pour un travail important des cohortes entières était autre chose que de mettre à la disposition d’une ville quelques corps spéciaux, un architecte, des hommes de métier, appartenant, soit à la légion, soit à des corps auxiliaires : une semblable délégation a dû, au contraire, être fort souvent en usage. Une disposition de loi autorisait les gouverneurs à mettre, s’il en était besoin, les troupes au service du curator operum pour la construction des temples et autres édifices publics : « Ministeria quoque militaria, si opus fuerit, ad curatores adjuvandos dare[1]. »

Ces curateurs étaient nommés par les magistrats des villes, les dédirions. Mais les empereurs, et l’on en a plusieurs exemples[2], pouvaient les nommer directement ou par l’entremise des gouverneurs des provinces, et ils relevaient alors du pouvoir central. Leur charge était de diriger ou de contrôler, dans les colonies ou municipes, l’exécution des travaux publics. Cette charge était temporaire, et plus ou moins élevée en dignité suivant l’importance de la ville, et des ouvrages à construire. Le fait relaté dans un des chapitres précédents[3] au sujet de la construction de l’aqueduc de Bougie (Saldae), ne fait pas mention d’un fonctionnaire de ce genre, mais montre que le gouverneur d’une province pouvait, sur la demande d’un magistrat dépendant de son ressort, mettre à sa disposition un ingénieur militaire pour l’étude d’un projet, et envoyer ensuite sous les ordres de celui-ci des ouvriers d’armée[4], à l’effet d’exécuter au moins une partie du travail, le reste pouvant être fait par des ouvriers locaux, groupés ou non en corporation. Dans ce dernier cas, il est naturel que la main-d’œuvre fût plus facile à trouver. Mais des documents, tels que la correspondance de Pline le Jeune avec Trajan, nous

  1. Digeste, lib. i, tit. xvi, 1. 7, §1.
  2. Orelli, 3263, 3264. — Il s’agit dans ces deux inscriptions de curatores nommés par Hadrien pour les thermes de Venusia et de Bénévent.
  3. V . ci-dessus, p. 292 et suiv. — C.I.L., viii, 2728.
  4. Sur les ouvriers d’armée, et leur dépendance du « praefectus castrorum » V. Cagnat, L’armée romaine d’Afrique, p. 182 à 187.