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montrent assez que les villes, dans lesquelles des collèges d’artisans ne s’étaient pas formés ou avaient été dissous, recrutaient aisément néanmoins le personnel ouvrier nécessaire à leurs travaux. Il s’agit entre autres ouvrages de la construction d’un canal devant faire communiquer un lac avec la mer. «Il faut pour ce travail beaucoup de bras, écrit Pline; mais nous n’en manquons pas : la campagne est bien habitée, la ville très populeuse, et l’on peut compter que tout le monde s’empressera de travailler à un ouvrage utile à tout le monde. »[1]

Réquisition des habitants. — On pouvait d’ailleurs toujours avoir recours à la réquisition, droit qui, en pays conquis, avait existé de tout temps. En principe, les citoyens romains en étaient exempts ; mais le principe cédait fréquemment devant la nécessité ou le bon plaisir de l’empereur, et souvent, la corvée (sordidum munus) était imposée, pour un travail public urgent, à toute la population d’un canton, sans distinction d’hommes libres ou d’esclaves[2]. Dans les provinces, l’élément indigène était évidemment mis à contribution de cette manière-là, toutes les fois qu’on le jugeait opportun. Enfin, l’on avait toujours le concours obligatoire des esclaves publics, que beaucoup de villes possédaient, et au-dessous encore, pour les besognes les plus pénibles, les prisonniers et les condamnés de droit commun[3].

Part du pouvoir central aux travaux des villes. — La correspondance de Trajan et de Pline le Jeune, plusieurs fois citée déjà, met en lumière d’une façon bien intéressante la grande part que pouvait prendre le pouvoir central aux moindres travaux qui s’exécutaient dans les provinces. Le gouverneur informe le souverain d’une quantité de détails techniques et financiers. En personne, il va reconnaître des sources, des bassins, combine les grandes lignes des travaux qu’il juge utiles, avant l’arrivée de l’ingénieur constructeur ou hydraulicien, civil ou militaire que l’empereur lui a promis de lui procurer[4]. Les magistrats

  1. Lettres, x, 50.
  2. V. Lactance, De mortib. persec.
  3. V. ci-dessus, p. 364, note 2.
  4. Pline le Jeune, Lettres, x, 50 et 69.