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occupé ici par le contingent militaire, là par le personnel des corporations, ailleurs par des entrepreneurs spéciaux avec leurs équipes ; esclaves publics et indigènes étant répartis en tous lieux suivant les besoins. Telle est, je crois, l’idée qu’on peut se faire de la mise en train et de la conduite de ces ouvrages.

Importance numérique du personnel. Salaires. — La plus grande différence avec l’organisation des entreprises similaires modernes résidait surtout dans le nombre des chantiers simultanés et dans la multiplicité des travailleurs. Cela seul pouvait compenser la lenteur des procédés et l’imperfection des engins, et permettait d’achever ces grandes œuvres avec autant de promptitude qu’à présent. M. Lanciani cite un exemple de la foule énorme d’ouvriers qu’on y appliquait, d’après un auteur byzantin, Paul le Diacre. Il s’agit de la restauration faite par l’empereur Constantin Copronyme, vers l’an 745, de l’aqueduc de Valentinien II. 6.900 ouvriers y furent employés, ainsi répartis : maçons, 1.000 ; cimentiers, 200 ; broyeurs de tuileaux, 500 ; manœuvres, 5.000 et chaufourniers, 200. Tout en admettant un chiffre moindre pour les ouvriers des aqueducs de Lyon, on voit quelle place pouvait y tenir le personnel quelconque, sans instruction professionnelle : plus des deux tiers. Dans ces conditions, les artisans lyonnais, avec quelques centaines d’hommes de troupe exercés aux métiers, ont pu suffire pour les trois plus récents aqueducs, le reste étant composé d’indigènes, d’esclaves et de prisonniers.

Ces derniers seuls ne recevaient pas de salaire. Les différents emplois étaient naturellement payés proportionnellement au degré d’adresse ou d’instruction qu’ils nécessitaient. D’après une inscription de Stratonicée qui a conservé un édit de Dioclétien sur ces matières, la rétribution, en prenant pour unité le salaire du manœuvre, aurait été de 2 pour le maçon et employés du même genre, tels que paveur, cimentier, chaufournier, etc., en somme, pour la plupart des artisans. Mais nous pouvons être certains que tous ceux dont le rôle technique était un peu plus développé recevaient des allocations plus fortes. Je ne parle pas des ingénieurs qui, d’après Vitruve[1], savaient ordinairement assez

  1. Liv. I, Introduction.