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sous la direction d’Agrippa, l’aqueduc du Mont-d’Or avait dû, comme les routes partant de Lyon, être l’œuvre presque exclusive des soldats, encadrant des manœuvres fournis par la population indigène[1]. L’architecte légionnaire préposé à cette entreprise a bien pu devoir une partie de son adresse technique à la présence et à l’inspiration du maître ingénieur qu’était le curateur des eaux de Rome, le constructeur des aqueducs Julia et Virgo[2]. Le personnel militaire se trouva réduit de beaucoup sans doute pour la construction du deuxième aqueduc, car les armées étaient déjà cantonnées sur la frontière germanique. Mais dans l’intervalle, des collèges d’artisans s’étaient créés dans la ville de Lyon, et l’on put faire appel à leur concours. Il en fut de même pour le troisième, l’aqueduc de La Brévenne, avec cette différence que les collèges étaient à ce moment plus nombreux encore, plus exercés et plus puissants. Quelle part ont eue les magistrats de la ville au choix du directeur des travaux, à la conduite générale de l’entreprise ? Ils ont été consultés certainement en ce qui concernait les besoins d’une eau nouvelle pour la ville, ont présenté des idées et des vœux, surtout si les finances municipales assumaient une part des frais. Mais il n’y aurait pas à s’étonner que leur concours se fût borné là, et que, décision prise d’un nouveau travail, l’administration impériale eût été dès lors seule maîtresse. C’est pour l’aqueduc du Gier surtout, construit sous Hadrien, comme tout porte à le croire, que les choses ont dû se passer ainsi. Les ingénieurs destinés à diriger le travail appartiennent à la phalange amenée par l’empereur. À leur tête est un curator operis, sous l’impulsion et sous le contrôle de qui le terrain est exploré, le nivellement établi, le parcours défini, les projets étudiés, les plans dressés. Peut-être, avec ce haut personnel est-il venu un groupe d’artisans d’élite, choisis dans ces collèges romains que l’empereur a enrégimentés. Quand tout a été mis au point par ces techniciens, geometrici, libratores, aquileges, etc., militaires et civils, les travaux sont mis en chantiers. Il est probable que le parcours est divisé en fractions

  1. V . ci-dessus, p. l5.
  2. Ce serait aller évidemment trop loin dans la conjecture que d’attribuer à Agrippa l’idée d’appliquer à ce premier aqueduc le système du siphon qui devait donner tant d’originalité et de valeur technique à ces ouvrages de Lyon. Mais l’hypothèse serait séduisante.