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c’est-à-dire tous les 240 pieds, plantées à quelques pas du canal, suivirent son parcours. C’est aussi la distance prescrite par Vitruve entre deux regards, et l’on en pourrait induire que les cippes marquaient la place des regards quand ceux-ci n’étaient pas surmontés d’une construction apparente, si l’on ne savait que cette règle de Vitruve était peu régulièrement suivie[1]. En tous cas, ces bornes indiquaient par leur numéro la distance exacte du point désigné à la ville, et l’aquarius qui avait à rendre compte de tout fait survenu le long du parcours, le localisait exactement par la simple mention des deux cippes successifs entre lesquels il l’avait remarqué.

On n’en a retrouvé qu’une trentaine, aux environs de Rome, dont la plupart au nom d’Auguste, trois au nom de Tibère, et deux au nom de Claude. Voici un spécimen de l’inscription qu’ils portent uniformément, avec la seule différence du numéro d’ordre et du nom de l’aqueduc.

IVL • TEP • MAR
IMP • CAESAR
DIVIF
AVGVSTVS
EX • S • C
LXXI (numéro d’ordre)
P • CCXL (dist. fixe de l’un à l’autre).

Bornes de protection. — On croit que l’érection de ces bornes, en tant que cippes-jalons numérotés, fut une mesure prise par Auguste seulement[2], que ses premiers successeurs se contentèrent d’en restaurer quelques-unes, mais que l’usage prévalut de ne plus y marquer de numéros, quelquefois même de ne rien y inscrire. Elles ne servirent plus que pour marquer la limite entre la propriété publique provenant de l’achat d’une bande de terrain tout le long de l’aqueduc, et les propriétés privées en bordure. Elles étaient à cet effet disposées deux à deux vis-à-vis l’une de l’autre, et à égale distance de l’axe, de chaque côté du canal :

  1. V. ci-dessus, p. 290.
  2. V. Lanciani, ouvr. cité, p. 345.