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environnantes, compté et jaugé approximativement les ruisseaux qui les sillonnent et les rivières qui en découlent[1], et mieux compris ainsi le plan conçu par les Romains : drainer en quelque sorte l’eau de toutes ces montagnes, en commençant par les plus rapprochées, et multiplier les captages, de façon à ne rien laisser perdre de toute l’eau qui, sans détriment de la fertilité des campagnes, pouvait être recueillie pour la ville.

Après avoir suivi ces mêmes ingénieurs dans leurs opérations de nivellement[2] et défini leurs tracés comme il a été dit, j’ai été naturellement amené à étudier l’art avec lequel ils avaient su se servir des conduites forcées pour franchir les vallées. La manière dont le problème a été résolu nous a révélé chez eux, sinon une science théorique approfondie, tout au moins une connaissance pratique, étonnante pour cette époque, des phénomènes de l’hydraulique[3]. La recherche des précédents à ces curieux ouvrages dans les autres aqueducs antiques nous mettait sous les yeux l’exemple du siphon d’Alatri, antérieur de plus de deux siècles à ceux-ci, et nous prouvait la longue expérience des Romains en cette matière[4]. Le texte de Vitruve qui se rapporte aux siphons nous aidait à la solution de quelques côtés du problème et s’éclairait lui-même de cette comparaison[5] ; il nous faisait voir dans cet auteur le bizarre mélange d’un homme pratique très informé du détail, et d’un discoureur souvent bien vague, diffus, et, malgré toute la science qu’il paraît avoir possédée, capable d’incompréhensibles omissions dans ses exposés. Enfin, cette étude des siphons, conduisant à calculer les épaisseurs qu’il fallait donner aux tuyaux pour supporter les pressions mises en jeu, nous faisait constater d’une manière presque inattendue l’extraordinaire activité de production des mines antiques[6], et par là même le génie industriel suscité par les besoins de cette civilisation élégante qui faisait en premier lieu dépendre le bien-être d’une hygiénique propreté.

  1. II, § i, p. 40 et suiv.
  2. II, § ii, p. 164 et suiv.
  3. Ibid., § iii, p. 176 et suiv.
  4. Ibid., p. 194.
  5. Ibid., p. 179 et suiv.
  6. II, § iii, p. 205 et suiv.