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à un parcours beaucoup plus long, moindre toutefois que celui de l’aqueduc du Gier, avec des difficultés à surmonter bien moins considérables. Enfin, il est des raisons dignes d’attention sérieuse pour attribuer ce dernier à un règne ultérieur, bien que ce ne soit pas jusqu’ici l’opinion courante. Elles seront exposées plus loin. J’admets donc, sous réserves bien entendu, comme on doit le faire quand on n’a pas en main des preuves d’une évidence absolue, mais en m’appuyant sur de bonnes probabilités, que l’aqueduc datant du règne de Claude est celui de la Brévenne.

Agrandissement possible du territoire de la colonie. Bienfaits supposés de Claude à l’égard de Lyon. — On a fait remarquer par des comparaisons qui ne manquent pas de valeur, que les divers aqueducs ainsi construits pour Lyon, et ne desservant que Lyon, ne pouvaient être, dans toute leur étendue, que sur le territoire de la colonie : « Il en était de ces aqueducs, dit M. Allmer[1], comme de ceux qui sont connus ailleurs. Les cinq ou six aqueducs qui amenaient de l’eau à Vienne étaient tous sur le territoire de Vienne ; celui qui d’une trentaine de kilomètres portait à Vaison les belles eaux de la fontaine de Grosel — le dieu celtique Graselos — avait son point de départ près de Malaucène, sur le terrain de Vaison ; l’aqueduc de 52 kilomètres de long qui alimentait Nîmes prenait naissance à la source de la fontaine d’Eure, à Uzès sur le territoire de Nîmes, qui de ce côté se prolongeait jusqu’à l’Ardèche, ou peu s’en faut. Le magnifique aqueduc qui abreuve Carthage est construit en entier sur le territoire de Carthage.  » C’est juste. Mais on a peine à croire que le domaine primitif de la colonie de Lugdunum ait pu dépasser la ligne de montagnes qui clôt à l’ouest ce qui d’après la dénomination usuelle constitue « les environs de Lyon ». Au delà des crêtes d’Iseron et de Pollionnay, c’est en quelque sorte un autre pays. Si l’on admet le principe de M. Allmer, rien n’empêche de penser que, pour donner aux Lyonnais le droit d’aller chercher l’eau par delà cette limite, Claude se soit déterminé à agrandir le territoire de la colonie. Ce serait encore un des motifs pour lesquels Lyon aurait conféré à cet empereur l’hommage de l’éponymie.

  1. Allmer et Dissard, ouv. cité, II. p. 161.