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En tout cas, grâce aux subsides qui durent lui parvenir de tous côtés, Lyon mit peu de temps à renaître. Trois ans après, au moment de la révolte fomentée par Julius Vindex, gouverneur de la Belgique ou peut-être même de la Lyonnaise, la ville était en état de prendre position avec fermeté contre le légat et son parti, pour le prince qui l’avait secourue. La défaite de Vindex sous les murs de Vesontio (Besançon) n’empêcha pas le succès de la révolution, car, étouffée en Gaule, elle se déclarait à Rome peu après, forçait Néron à se tuer, et mettait sur le trône impérial Galba, naguère, gouverneur d’Espagne citérieure, en faveur de qui s’était organisé le mouvement.

De Galba à la fin du règne de Domitien. Fortune inégale. — Galba fit sentir durement aux Lyonnais sa rancune, en confisquant leurs revenus, tandis qu’il donnait de nombreux gages de sa reconnaissance aux autres villes, à Vienne[1] en particulier, qui avait soutenu Vindex. Mais Lyon eut bientôt sa revanche. Quelques mois après, Galba était immolé, et, tandis qu’Othon lui succédait à Rome, Vitellius était proclamé empereur par les légions de Germanie. Fabius Valens, son lieutenant, imposait à Vienne une dure contribution, au nom de Vitellius, qui se donnait pour le vengeur de Néron. En se rendant de Cologne à Rome, Vitellius lui-même traversa Lyon, où il fut reçu avec chaleur en cette qualité. Si son règne eût été moins éphémère, les Lyonnais auraient pu compter sur sa sympathie. Mais sa fin lamentable survenue la même année (69) et l’avènement de Vespasien infligèrent une nouvelle déception à la colonie. Celle-ci, dont la population comprenait beaucoup de vétérans des armées du Rhin, avait acclamé avec d’autant plus d’entrain Vitellius, l’élu des troupes de Germanie. Vespasien, élu des légions d’Orient, était pour elle un étranger, et, comme rival heureux de Vitellius, presque un ennemi. À peine eut-il triomphé de l’insurrection des Bataves, des Trévires et des Lingons, qu’il donna, semble-t-il, une marque de méfiance à Lyon, en déplaçant la cohorte qui y était campée pour l’envoyer en Afrique : il la remplaça par une autre que lui-même avait formée[2].

  1. V. P. Eabia (Revue d’Hist. de Lyon, t. I, 1902). La querelle des Lyonnais et des Viennois.
  2. La 1re Flavia. (V. Hirschfeld, C. I. L., t. XIII, p. 252).