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Lugdunum, quod ostendebatur in Gallia, quaeritur[1]. » Il exagère sans doute, soit que les premières nouvelles d’une catastrophe[2] dépassent, en général la réalité, soit que, par artifice de rhéteur, il charge les couleurs sombres du tableau pour mieux faire ressortir sa thèse de la fragilité des choses humaines. Mais tout en faisant, la part de l’exagération, et quelle qu’ait pu être la cause de ce désastre, on doit convenir qu’il fut terrible. Il est à peu près certain qu’une partie importante de la ville officielle, tout autour du forum, fut détruite. Mais ce qui lui permit de se relever avec une rapidité surprenante, en admettant même que toute la colline de Fourvière, soit toute la rive droite de la Saône, ait été ravagée, c’est que le feu n’avait pas pu se propager dans l’île d’Ainay, ni dans la presqu’île du confluent. Or l’île était le grand entrepôt du commerce et par conséquent le centre et la source de la richesse de la ville. Les grands négociants, les corporations opulentes, la population du confluent, tous ceux dont les demeures et les biens n’avaient pas été atteints par le sinistre durent s’efforcer communément, dans leur propre intérêt, de hâter le relèvement de la ville haute. Tous avaient en effet trop d’avantages à maintenir la suprématie de Lyon en face d’autres cités rivales, Autun et Vienne. La première brillait déjà par la splendeur de ses monuments, par la culture littéraire de ses habitants et par les écoles qui commençaient à s’y fonder. La seconde surtout, Vienne, à qui les Lyonnais n’avaient pas pardonné l’expulsion dont ils avaient été l’objet et qui marquait l’origine de leur colonie, grandissait, chaque jour et leur portait ombrage. Il fallait que Lyon prouvât sa vitalité et sa force en se relevant au plus tôt de ses ruines.

Néron lui vint en aide, en envoyant une somme de quatre millions de sesterces. Tacite[3], qui mentionne ce don, le signale comme une dette de reconnaissance de la part du souverain, qui aurait reçu des Lyonnais cette même somme dans des circonstances difficiles que l’auteur ne précise pas. Peut-être l’avaient-ils envoyée l’année précédente pour aider à réparer les désastres de l’incendie de Rome ; la subvention de Néron n’était dès lors qu’un trop juste retour.

  1. Ad Lucil., xci.
  2. Celle-ci venait de lui être annoncée par son ami, le Lyonnais Æbutius Liberalis, alors dans tout l’émoi provoqué par les premières informations.
  3. Ann. xvi, 13.