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tombe en abondance pendant plusieurs périodes de l’hiver, qui se répartissent du mois de décembre au mois d’avril dans les années normales, et quelquefois de novembre à mai ; les sommets et les versants du Pilat surtout en reçoivent et en conservent des couches épaisses. On a souvent aussi de longues pluies de printemps et d’automne. Les orages d’été y déversent également des masses d’eau considérables, mais d’une façon irrégulière, très variable suivant les années. En consultant les statistiques que fournissent les udomètres installés en de nombreux points de la région, on constate ce qui suit :

1o La hauteur d’eau tombée annuellement varie suivant les altitudes ; elle est de 0m,50 à 1 mètre dans les régions basses (100 à 500 mètres au-dessus du niveau de la mer), de 1 mètre à 1m,50 dans les régions élevées (au-dessus de 500 mètres). Or, les sommets du Mont Pilât ont de 1.200 à 1.400 mètres d’altitude, ceux des monts du Jarez et du Lyonnais 700 à 900 mètres, ceux du Mont-d’Or de 500 à 600 mètres. Les sources d’où s’échappait l’eau captée par les aqueducs romains, étant à peu près toutes dans les zones élevées, pouvaient, donc, en admettant que le sous-sol fût à même de s’imprégner suffisamment, faire de copieuses provisions.

2o Les pluies d’été, comme il est dit plus haut, souvent abondantes, font en d’autres années presque complètement défaut. D’ailleurs, quelles que soient leur fréquence et leur importance, ces pluies d’été s’écoulent toujours à présent de façon torrentielle, et ne suffisent pas à assurer aux cours d’eau la régularité d’un fort débit. Le Gier, par exemple, au-dessus d’Izieux, grossi de la rivière du Ban, n’a, pendant trois mois, qu’un débit moyen de 80 à 100 litres par seconde[1], qui s’est réduit, lors de certains étés exceptionnellement secs, à 20 litres.

3o Mais d’autre part, ces montagnes, tout en étant encore relativement bien garnies de végétation, ont été, sans aucun doute, considérablement déboisées depuis l’époque gallo-romaine. Elles devaient alors être entièrement revêtues d’épaisses forêts, ce qui donnait beaucoup plus de richesse et de constance au régime des eaux.

  1. V. la note 1 de la page suivante.