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Et d’abord, pour revenir sur des choses déjà dites[1], comment expliquer que les eaux du Mont-d’Or aient été négligées des colons romains au premier siècle de la cité, du moment qu’elles étaient les plus rapprochées, en même temps que les plus faciles à capter et à conduire ? Voulait-on, en vertu d’une prévision divinatoire, les réserver au luxe des villas de l’avenir, ou trouvait-on vraiment plus pratique, pour gagner quelques mètres de hauteur, d’aller quérir à grands frais et au prix de bien plus longs efforts, des eaux beaucoup plus lointaines ? Mais surtout, je le répète, qu’est-ce que cette agglomération de villas, dont aucun auteur ne fait mention, dont la campagne ne conserve aucune trace, et dont les habitants auraient créé pour leur usage à peu près exclusif un ouvrage hydraulique de plusieurs lieues de parcours, ce dont nous n’avons pas d’exemple, même pour les plus riches des villas autour de Rome, qui achetaient l’eau des aqueducs communs ?

Ensuite, il y a des preuves positives pour démontrer que l’aqueduc est bien venu dans la ville sur la colline. Un siphon lui faisait effectivement franchir le vallon de Grange-Blanche; mais ce siphon n’était pas soutenu par le pont dont on voit encore les restes au-dessous de la gare actuelle d’Ecully-la-Demi-Lune, et qui appartenait, comme nous le verrons, à l’aqueduc de la Brévenne. C’est en aval, à une centaine de mètres après le confluent du ruisseau des Planches avec le ruisseau de Chalins, que se trouvait le pont-siphon de l’aqueduc du Mont-d’Or. On y voyait, encore, il y a une quarantaine d’années, selon des témoignages dignes de foi, les restes de quelques piles. Les recherches de Delorme, postérieures au mémoire que nous possédons, lui avaient fait découvrir l’existence de ce pont-siphon, car il est indiqué à cette place même sur la carte d’Artaud, qui ne fait que reproduire, comme on sait, un original de Delorme. Aujourd’hui, les vestiges ont disparu, et, pas plus que M. Gabut, je n’ai pu les découvrir. Ce n’est point une raison pour récuser un témoignage tel que celui d’un auteur gravant sur un plan une récusation de son opinion première, témoignage confirmé par une tradition

  1. V . ci-dessus, p. 21.