Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/204

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depuis si long-tems, n’avoient éie mouillées par rien d’agréable. Je suis logé dans un de ces superbes palais que les Boyards bâtissent dans un goût oriental, et dont plus de 150 s’élèvent au-dessus des autres édifices de la capitale de la Moldavie. Lisez-en la description dans mon ouvrage sur les jardins.

Des femmes charmantes, presque toutes de Constantinople, et d’anciennes familles grecques, sont assises négligemment sur leurs divans, la tête tout-à-fait en arrière, ou soutenue par un bras d’albâtre. Les hommes qui leur font des visites sont presque couchés à côté d’elles. Une jupe extrêmement légère, courte et serrée, couvre légèrement leurs charmantes formes, et une gaze dessine à merveille les jolis contours de leur sein. Elles portent sur leur tête une étoffe noire, ou couleur de feu, éclatante par les diamans qui ornent cette espèce de turban, ou de bonnet. Les perles du plus beau blanc parent leur cou et leurs bras ; elles les entourent aussi quelquefois avec des rézeaux de gaze, garnis de sequins, ou de demi-ducats : j’en ai vu jusqu’à 3000 sur le même habit. Le reste de leur vêtement oriental est d’étoffes brodées, ou travaillées en or et en argent, et bordé de pelisses précieuses, ainsi que l’habit des