Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/246

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battre Pierre I, comme l’a fait Charles XII. — Sa conversation, un peu trop abondante, à la vérité, a pourtant toujours du trait, du piquant et une nuance intermédiaire entre l’esprit et le génie : il brûle de commander des armées si on fait la guerre à la France ; mais qui est-ce qui lui en confiera ? J’ai voulu lui ôter cette idée par une petite flatterie, en lui disant ce que Cyneas disoit à Pyrrhus. Enfin le successeur de la catholique, voyageuse et bizarre Christine, m’a demandé plus de cent fois, si je ne croyois pas qu’il eût perdu dans l’esprit de Votre Majesté ? Je l’ai rassuré, en lui disant qu’il y avoit toujours deux manières de réussir auprès d’elle, la valeur et la bonne foi. Votre Majesté Impériale n’est pas effrayante dans sa manière de juger ; au bout de huit jours j’ai su à quoi m’en tenir avec elle.

Après avoir arrêté la fermentation dans mon gouvernement civil et militaire, en assurant que cette fermentation n’existoit pas ; après m’être moqué de la poltronnerie, de la politique, de la dilapidation des Vandernolistes, et du prétendu royalisme des très-mauvais sujets qu’on appelle Vonckistes ; enfin après avoir humilié ceux qui portent encore la tête trop haute, je retournerai passer l’hiver à Vienne, si je ne suis pas assez heureux pour