Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/347

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jusque dans les titres de leurs ouvrages. Un livre de l’esprit ! c’est de l’esprit follet que celui-là. L’Esprit des lois, c’est de l’esprit sur des lois. Je n’ai pas l’honneur de le comprendre. Mais j’entends bien les Lettres Persannes : bon ouvrage que celui-là. — Il y a quelques gens de lettres dont vous paroissez faire cas. — Vraiment, il le faut bien ; d’Alembert, par exemple, qui faute d’imagination se dit géomètre, Diderot qui, pour faire croire qu’il en a, est enflé et déclamateur ; et Marmontel, dont, entre nous, la poétique est inintelligible. Ces gens-là diraient que je suis jaloux. Qu’on s’arrange donc sur mon compte. On me croit frondeur et flatteur, à la cour, en ville, trop philosophe ; à l'académie, ennemi des philosophes ; l’ante-christ à Rome, pour quelques plaisanteries sur ses abus, et quelques gaietés sur le style oriental ; précepteur de despotisme au parlement ; mauvais François pour avoir dit du bien des Anglois ; voleur et bienfaiteur des libraires ; libertin pour une Jeanne que mes ennemis ont rendue plus coupable ; curieux et complimenteur des gens d’esprit, et intolérant parce que je prêche la tolérance.

Avez-vous jamais vu une épigramme ou