Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/151

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Arabes aisés, meublée de kibanis couverts de jolies nattes fabriquées dans le pays, et de quelques chaises en bois peint venant de Bombay ; elle n’avait de particulier qu’une horloge américaine accrochée au mur. Je lui demande à voir son harem ; il me conduisit aussitôt à une porte masquée par des tentures rouges, et m’introduisit dans une chambre que je fus assez étonné de trouver meublée d’un canapé couvert de damas rouge, d’une console avec deux flambeaux de cristal taillé, garnis de verrines et de bougies, et de deux belles glaces ; le tout venant d’Europe. L’Orient n’était rappelé que par un beau tapis de Mascate, de jolies nattes, des aspersoirs en argent pour l’eau de rose, une aiguière en cuivre, et surtout par une forte odeur de rose et de sandal. La seule partie vraiment curieuse de ce mobilier était la toilette, chargée de flacons et de boîtes, en cristal et en argent avec applications de filigrane, de formes bizarres et d’un joli travail, pour le bleu, le noir, le henné, le safran, le musc, la chaux, le bétel, l’areck, etc. Des lambrequins et des rideaux rouges cachaient le lit, placé dans une alcôve au fond de la pièce. Cette chambre n’avait pas de fenêtres et était éclairée par une porte ouvrant sur la cour intérieure. Amissi, marié légitimement dans chaque Comore, n’avait qu’une femme à Mohéli ; elle parut un instant après notre entrée ; c’était une femme de 20 ans environ, grande, bien faite, et presque blanche ; ses traits, réguliers et assez beaux, portaient l’empreinte de la maladie, car les Arabes n’échappent pas plus que les Européens à l’influence des fièvres paludéennes. Les coins de ses paupières et ses sourcils étaient